CALAIS - À Calais, la trentaine de créateurs rassemblés dans le cadre du projet Guerres et Paix semble ne plus considérer les monuments aux morts qui se répètent dans chaque village, le plus souvent sans aucune invention artistique.
Il y a peu en commun entre ces nouveaux « lieux de mémoire » et les deux caractéristiques de la sculpture commémorative : la dureté et la durée. Ce sont des installations qui considèrent avant tout la disparition et l’oubli en introduisant la temporalité et l’effacement dans l’univers statique de la mémoire pétrifiée. Pire encore, l’ironie remplace la grandiloquence quand Michel Aubry présente le manteau d’Ernst Jünger décoré par des fines broderies ou Liane Lang propose une statue sans tête d’un héros de l’ère socialiste (Révolutions, 2013). Ailleurs, les armures de Carole Fékété remplacent entièrement les hommes et forment un mur aussi inquiétant qu’absurde. Enfin, Laurent Sfar réalise des modèles réduits de bunkers en verre dont la fragilité suggère que même ces constructions menaçantes en béton ne résistent pas au temps (La Forme de doute, 2010). « Quand on fait un monument, ce n’est pas pour se souvenir, c’est pour oublier » écrit, avec une terrible lucidité, Boltanski.
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La commémoration en question
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Abonnez-vous dès 1 €Jusqu’au 16 novembre, Musée des beaux-arts de Calais, 25 rue Richelieu, 62100 Calais, tél 03 21 46 48 40, mardi-samedi 10h-12h et 14h-18h, dimanche 14-18h.
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°412 du 25 avril 2014, avec le titre suivant : La commémoration en question