Militant politique, il était reconnu pour son travail de rénovation des grands ensembles résidentiels.
L’architecte urbaniste et ancien militant politique Roland Castro est décédé jeudi 9 mars à l’âge de 82 ans. Parmi ses créations les plus connues figurent la Bourse du Travail de Saint-Denis en 1983, la Cité internationale de la bande dessinée d’Angoulême inaugurée en 1990 ou le complexe de la rue de Bagnolet à Paris en 2008, qui comprend des logements, une médiathèque et le premier Mama Shelter.
L’architecte s’était spécialisé dans le logement social et la rénovation urbaine. Il était un fervent partisan du « remodelage » des grands ensembles des années 60, souhaitant y redonner de la mixité et le « plaisir d’y habiter », tout en refusant de coûteuses démolitions. Pour cela, il y ajoutait des lignes asymétriques afin de briser la monotonie visuelle, utilisait différents matériaux - comme le bois ou la brique – face au tout béton, privilégiait le blanc et végétalisait les façades.
En témoignent la restructuration des barres d’immeubles du quai de Rohan à Lorient (Morbihan), récompensée par le Prix de l’Équerre d’argent en 1996 ; son travail sur la tour Emblematik d’Aubervilliers - des jardins suspendus de 80 m² intégrés tous les 4 étages - ou celui sur les tours de Vigneux (Essonne), agrémentées de loggias et de cabanes.
Opposé au fonctionnalisme du Corbusier, inspiré notamment par les cités-jardins du pourtour parisien, Roland Castro défendait avec ses équipes l’idée d’une verticalité « vertueuse », convaincu que la beauté était durable. Il avait cofondé l’association Banlieue 1989 au début des années 1980 pour « changer la vie » de ses habitants, qui subissaient la dégradation du bâti et de leurs conditions de vie. Le président Mitterrand lui a confié à ce sujet une mission interministérielle, et 200 projets ont été soumis au collectif avant qu’il ne se dissolve en 1991, faute de soutien financier gouvernemental.
Cette vision sociale, plus proche de l’urbaniste proprement dit que de l’architecte, l’avait amené à travailler sur le projet de « Grand Paris » en rédigeant un rapport commandé par le président Macron. Il y proposait des pistes pour réparer les « dégâts » urbanistiques des Trente Glorieuses (grands ensembles inhumains, vision technocratique écartant les habitants des décisions collectives) qui selon lui avait défiguré la région parisienne. Il s’était récemment aussi insurgé contre le projet de transformation de la gare du Nord en centre commercial.
Né à Limoges en 1940, où ses parents juifs d’origine gréco-espagnols s’étaient réfugiés, fuyant Paris au moment de l’exode, Roland Castro a été caché pendant la guerre à Saint-Léonard-de-Noblat (Haute-Vienne), un des lieux du maquis communiste limousin. Cette petite enfance vécu dans la clandestinité le marquera à vie et sera déterminant quant à ses engagements politiques futurs, lui qui évoquait en 2020 la « dette d’existence » qu’il avait vis-à-vis de la France et des communistes. De retour à Paris après la guerre, Castro devient militant anticolonialiste et s’oppose à la guerre d’Algérie dès 1954 ; il portera même des « valises » pour le compte du FLN. Rejoignant l’Union des étudiants communistes alors qu’il est aux Beaux-Arts, il en est exclu en 1965 pour y avoir critiqué la ligne stalinienne. Il sera par la suite une figure de mai 68 et du maoïsme, avant de devenir mitterrandien dans les années 1980, puis de revenir au PCF dans les années 1990. Il avait finalement soutenu Emmanuel Macron à l’élection présidentielle de 2017.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Disparition de l’architecte Roland Castro
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €