Disparition

Disparition de Bernard Rancillac, pionnier de la Figuration narrative

Par Julie Goy, correspondante en Espagne · lejournaldesarts.fr

Le 1 décembre 2021 - 484 mots

MALAKOFF

Le peintre contestataire, très inscrit dans son époque et promoteur de la figuration, s’est éteint à l’âge de 90 ans.

Peintre, dessinateur et illustrateur français, pionnier de la Figuration narrative, Bernard Rancillac est mort le lundi 29 novembre. Né à Paris en 1931, l’artiste a grandi en Algérie puis à Yssingeaux, où il s’est installé avec sa famille pendant la guerre. Sous l’influence d’un père peu conciliant il prépare le monitorat de dessin en 1945 à Paris, puis devient instituteur jusqu’en 1959.

Le jeune artiste expose pour la première fois en galerie en 1956. Il participe à plusieurs reprises aux Salons de la Jeune Peinture et des Réalités Nouvelles. Dès ses débuts, son œuvre s’inspire de formes figuratives puisées dans les médias et dans la culture populaire. Le personnage de Mickey est devenu un protagoniste récurrent dans ses œuvres, comme dans Le Retour de Mickey (1964). Ses premières années en tant qu’artiste ont été récompensées par le prix de peinture à la Biennale de Paris en 1961.

Au milieu des années 1960, dans un climat international tendu, Bernard Rancillac nourrit ses œuvres de l’esprit contestataire qui l’anime alors. Les guerres d’Algérie et du Vietnam, la guerre froide, la misère des pays sous-développés et la persistance d’un esprit colonial en France sont autant de sujets qu’il dénonce dans ses œuvres. 

Rancillac était particulièrement remonté contre l’impérialisme des États-Unis d’alors, dont l’influence culturel se manifestait par le Pop art importé en Europe par les artistes américains. En réaction, il organise alors avec plusieurs amis, dont le peintre Hervé Télémaque et le critique Gérald Gassiot-Talabot, l’exposition « Mythologies quotidiennes » (1964) au Musée d’art moderne de la Ville de Paris. A partir de cette manifestation, la critique parlera de Figuration narrative pour qualifier leurs œuvres, mises en lumière rétrospectivement lors d’une exposition collective au Grand Palais (2008). Son Horloge indienne (1966) témoigne du processus qu’il employait alors, une juxtaposition et une superposition d’éléments, qui caractérise ses compositions colorées. 

Son engagement politique le conduit à participer à l’exposition « Le Monde en question » (1966) puis à l’atelier populaire des Beaux-Arts en mai 1968, au sein duquel il réalise son célèbre portrait de Daniel Cohn-Bendit. L’année suivante, il s’attaque aux stéréotypes hollywoodiens et à la photographie pornographique. Malgré tout cela, il n’a « jamais été un engagé politique », rappelait-il en 2017.
 
Aux nombreuses galeries qui ont présenté son travail s’ajoutent plusieurs expositions ayant mis à l’honneur cet « animal politique », comme il se surnommait lui-même : le Musée d’art moderne de Saint-Etienne lui a consacré deux expositions personnelles, en 1970 et 2003, le Musée d’art moderne de la Ville de Paris en 1980 et plus récemment le Musée de La Poste à Paris et aux Sables-d’Olonne en 2017. Autant d’événements qui ont pu aider à la démarche de cet artiste qui déclarait que son « affaire, c’est d’obliger les gens à regarder. Ce qui m’intéresse, c’est le regard »

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