L’édition par les galeries de monographies et d’ouvrages sur les artistes n’est pas un phénomène nouveau.
Dès l’après-guerre, en France, les plus grands marchands, à l’instar de Jean Fournier, Iris Clert et Yvon Lambert, se sont lancés dans l’exercice. En revanche, « le phénomène s’est intensifié et la qualité s’est améliorée », explique Thaddaeus Ropac. « Auparavant, il s’agissait plutôt de catalogues. Désormais, les galeries conçoivent des vrais livres. Dans notre galerie, nous planifions les ouvrages six mois à l’avance et réfléchissons avec attention aux auteurs que nous sollicitons », poursuit le galeriste. Les méga-galeries, telles que la PACE, Hauser & Wirth ou Gagosian, ont non seulement leur propre maison d’édition, mais disposent aussi de librairies intégrées à leur galerie. Certaines proposent même des éditions avec les musées. Récemment, la Galerie Max Hetzler, suite à l’acquisition par le Musée d’art moderne de la Ville de Paris de l’installation Glorius Read de Loris Gréaud, a coproduit un catalogue avec le musée. Entièrement financé par la galerie, l’ouvrage, dont la préface est signée Fabrice Hergott, directeur du musée, place la galerie au même niveau que l’institution, renforçant ainsi sa crédibilité.
Tous sont unanimes, la vente directe de livres ne rapporte pas. En revanche, « si nous ne gagnons pas d’argent avec la vente, les livres sont un important outil commercial que nous pouvons diffuser à travers le monde aux collectionneurs et aux professionnels », ajoute Thaddaeus Ropac. Les livres d’artistes sont généralement publiés en concomitance avec les expositions dans les galeries, et si ces dernières sont temporaires (trois mois environ), les livres eux en conservent la mémoire. Pour la Galerie Semiose, l’évidence était double, puisque son fondateur, Benoît Porcher, était éditeur avant d’ouvrir sa galerie. « L’économie du livre est noyée dans celle de la galerie. Les livres sur Picasso ou Magritte rapportent mais, nous, nous travaillons sur des livres prospectifs, pour faire connaître nos artistes », explique Benoît Porcher.
Les galeries plus modestes éditent aussi, et pour certaines les ouvrages sont hautement qualitatifs. C’est le cas, par exemple, de la Galerie Alexis Pentcheff à Marseille qui a ouvert une librairie et qui vient de sortir un ouvrage sur Alfred Lombard. « Il s’agit d’un excellent support en complément de notre activité, cela crée du dynamisme. Ceux qui ne peuvent pas acquérir une œuvre peuvent acheter un livre. Certains collectionneurs commencent par se documenter avant d’acheter, il s’agit d’une belle porte d’entrée », explique Giulia Pentcheff. Idem pour la galerie ETC, ouverte en 2019, qui ouvrira un espace librairie dans son espace d’expositions. « Pour une jeune galerie, proposer des ouvrages permet d’attirer des artistes, et confère un côté sérieux et désintéressé. La substance du travail de promotion autour des artistes réside dans l’édition », conclut Thomas Benhamou, son directeur.
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Des galeries de plus en plus éditrices
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°732 du 1 mars 2020, avec le titre suivant : Des galeries de plus en plus éditrices