L’artiste américain, l’une des dernières grandes figures du minimalisme, est mort le 24 janvier, à l’âge de 88 ans.
New York.« Tout ce que je fais, c’est de mettre la “Colonne sans fin” de Brancusi par terre plutôt que la dresser dans le ciel. La plus grande partie de la sculpture est priapique, l’organe masculin en l’air. Dans mon travail, Priape est à terre. » Cette déclaration de Carl Andre résume la pratique de celui qui comptait parmi les principaux artistes minimalistes des années 1960 et dont les travaux ont été déterminants pour l’histoire de la sculpture au XXe siècle. Décédé le 24 janvier, à New York, Carl Andre, né en 1935 à Quincy (Massachusetts) entame sa formation artistique à la Phillips Academy d’Andover où il rencontre le poète et cinéaste Hollis Frampton avec lequel il partage son goût pour la littérature. Lors d’un voyage en Europe, il découvre la sculpture de Constantin Brancusi et le site mégalithique de Stonehenge en Angleterre. De retour aux États-Unis, il partage l’atelier new-yorkais du peintre Frank Stella, qui est en train de réaliser les « Black Paintings », des bandes noires strictement géométriques. De son côté, Carl Andre, dont le père était menuisier, exécute des sculptures en bois, qu’il nomme « Structures primaires ». En 1965, pour sa première exposition à la galerie Tibor de Nagy à New York, il met en scène des œuvres à partir de poutres horizontales en matière plastique. L’horizontalité et la platitude seront les principes qui guideront alors l’ensemble de sa production sculpturale. Carl Andre aligne ainsi, à même le sol, des briques, des dalles d’acier, de cuivre ou d’aluminium. Il invite le visiteur à les fouler du pied – invitation qui fait scandale et qui continue d’embarrasser les conservateurs et les gardiens de musées. Ces plaques industrielles, des carrés préfabriqués de dimensions identiques, assemblés en pavements ou en échiquiers, toujours de manière symétrique, sont ses œuvres les plus connues. Cependant, dans sa volonté de se confronter à l’espace d’une galerie, inspiré par la pratique sérielle des constructivistes, il réalise également de grandes structures, en empilant de volumineux éléments, des modules géométriques (Blacks Creek, 1978). Dans un souci de rigueur et de clarté, les simples formes dénudées de tout artifice sont comme des vecteurs qui, par leur taille, leur situation et leur orientation, établissent une relation immédiate avec l’espace environnant et avec le spectateur. « Je voulais saisir et tenir l’espace de la galerie – pas seulement le remplir », affirme-t-il. La vie et la carrière de Carl Andre sont entachées par la mort tragique de son épouse, l’artiste cubaine Ana Mendieta, qui chute de la fenêtre de leur appartement en 1985. Accusé de la défenestration de sa femme, il est acquitté par la justice, à la suite d’un procès très médiatisé. Le doute toutefois persiste et, durant les dernières années, les expositions de Carl Andre ont donné lieu à des manifestations – surtout aux États-Unis – avec comme slogan « J’aimerais qu’Ana Mendieta soit toujours en vie ». Est-ce pour cette raison que l’artiste cessa de produire de nouvelles œuvres à partir de 2010 ?
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Carl Andre (1935-2024)
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°626 du 2 février 2024, avec le titre suivant : Carl Andre (1935-2024)