Les artisans d’art à l’honneur

Créées sur le modèle des Journées du patrimoine mais organisées sur un rythme biennal, les Journées des métiers d’art (JMA) tiennent cette année leur 3e édition. En 2004, elles avaient attiré pas moins de 800 000 personnes venues découvrir les quelque 3 000 ateliers de plumassiers, héraldistes, facteurs d’orgues, lissiers… ; visiter les nombreuses expositions ou la centaine de centres de formation ouverts à cette occasion. Pour ses organisateurs, le ministère des PME, du Commerce, de l’Artisanat et des Professions libérales et la Société d’encouragement aux métiers d’art (SEMA), l’objectif des JMA est de sensibiliser le grand public à la cause de ces professions mal connues, souvent handicapées par un réel déficit d’image, et dont l’économie demeure fragile (lire le JdA no 232, 3 mars 2006, p. 6). D’après une grille établie par un arrêté ministériel de décembre 2003 – grille contestée par de nombreux professionnels pour sa trop large acception du terme « métiers d’art » –, 217 spécialités sont aujourd’hui recensées. Au total, ce sont 18 000 entreprises et 31 000 professionnels qui animent cette branche de l’artisanat (hors secteurs des industries du luxe et du bâtiment), fédérant trois grands domaines (tradition, restauration et création), pour un chiffre d’affaires de 3,5 milliards d’euros.

Malgré ces chiffres a priori encourageants, de nombreuses spécialités sont menacées de disparition, faute d’impétrants et de formations. D’après la Confédération française des métiers d’art, seuls 2 500 élèves sont aujourd’hui dénombrés dans les centres de formation techniques, alors que certains secteurs manquent cruellement de main-d’œuvre. C’est le cas notamment de la bijouterie, des métiers de la fabrication du verre et de la céramique, du bâtiment (taille de pierre, sculpture, gravure, marbrerie) ou encore de l’ameublement (ébénisterie, laquage, tournage, tapisserie…), autant de filières économiques dynamiques mais qui attirent peu de postulants, alors que se produit un changement de génération. S’élevant à seulement 1,6 %, le taux de reprise des entreprises de l’artisanat d’art, tous secteurs confondus, demeure en effet dérisoire. La création, en août 2005, du label « entreprise du patrimoine vivant » dans le but de valoriser « les entreprises détenant un savoir-faire rare, renommé ou ancestral, reposant sur la maîtrise de techniques traditionnelles ou de haute technicité circonscrites à un territoire » s’est révélée de peu d’effets, n’étant accompagné d’aucune aide fiscale ou financière.

La sensibilisation des jeunes, qui est une priorité pour assurer la pérennité de ces métiers de la main, constitue l’un des objectifs premiers de cette manifestation nationale. Il s’agit aussi de rajeunir l’image de ces professions en mettant en exergue leur véritable identité, entre innovation et tradition.