Des Journées professionnelles destinées à expliciter et à encourager l’entrepreneuriat culturel auront lieu du 7 au 9 juin à Lyon.
Rapprocher culture et économie est devenu la tarte à la crème des politiques publiques, préoccupation récurrente alimentée judicieusement par des statistiques – qui ne semblent pas convaincre tous les professionnels – indiquant le poids considérable de la consommation culturelle des ménages français, estimée à plus de 30 milliards d’euros.
Nées dans le sillage des années Lang, les industries culturelles viennent par ailleurs de faire l’objet d’une reconnaissance institutionnelle puisque le ministère de la Culture leur a consacré l’une de ses trois nouvelles directions, agrémentée des médias. Pour autant, si certaines manifestations lancées par le politique, tel le très médiatisé Forum d’Avignon, mettent d’abord l’accent sur le prétendu dynamisme de l’exception culturelle française en la matière, le champ de l’initiative entrepreneuriale, et donc de ses acteurs, demeure peu investi. À croire que perdure un réel fossé dans le secteur culturel entre l’industrie et l’entrepreneuriat, qui s’engage souvent à une autre échelle, et dont l’objectif n’est pas la création d’entreprise à proprement parler mais plutôt la recherche d’un mode d’action pour exprimer un engagement artistique ou faire aboutir un projet.
« On est entrepreneur culturel quelle que soit la forme juridique de l’activité », explique Géraldine Dallaire, secrétaire générale de l’ADECC (Association pour le développement des entreprises culturelles et créatives), qui œuvre à la promotion de ce type d’initiative.
Une économie de prototype
Créée en 2007 à Lyon (Rhône), l’ADECC est conçue comme « un incubateur d’idées pour favoriser les échanges entre culture et économie », poursuit Géraldine Dallaire. En partenariat avec Solid’Arte, association lyonnaise plus ancienne dont le but est d’aider les artistes à mettre leur pratique en économie pour la rendre viable, l’ADECC a lancé, en mars 2009, la première édition des « Journées de l’entrepreneuriat culturel et créatif ». L’objectif était simple : fédérer les différents acteurs et tâcher de définir les contours de ces entreprises singulières.
Car il est apparaît clairement que les entreprises culturelles ne sont pas tout à fait des entreprises comme les autres. Si elles partagent les mêmes contraintes économiques que les autres entreprises du secteur marchand, elles doivent cependant composer avec des spécificités, qui sont parfois celles de ne pas être conçues pour rechercher le profit.
Comme le soulignait Pierre Sigaud, directeur adjoint à la direction régionale des Affaires culturelles (DRAC) Rhône-Alpes, le secteur se caractérise d’abord par son extrême diversité : « Lorsque l’on parle d’entreprise culturelle et créative, on parle aussi bien d’un artiste – un plasticien dans son atelier, un individu –, que des entreprises qui sont organisées exactement comme des organismes de production de produits finis. » Si les statuts juridiques sont pluriels : association, SCOP (société coopérative ouvrière de production), société commerciale, artiste ou travailleur indépendant, 53 % de ces entreprises sont des personnes uniques.
Autre spécificité, soulignée par Philippe Chantepie, chef du Département des études, de la prospective et des statistiques (DEPS) au ministère de la Culture : « Il s’agit d’une économie de prototype. Il faut, par exemple, que le film soit intégralement fait pour que l’on en connaisse la valeur. La totalité des coûts sont engagés au préalable et la valeur et le prix d’un bien culturel sont tout à fait indépendants du coût de fabrication. Il y a donc toujours une grande part d’incertitude. »
Séminaires de formation
Après avoir posé des jalons pour définir les contours de ce nouveau type d’entrepreneurs, les Journées ont été reconduites pour une nouvelle édition. Mais en juin prochain, elles se déclineront en séminaires de formation destinés à présenter différents outils pratiques adaptés aux projets culturels. Car ces fragiles entreprises sont aussi confrontées à un secteur culturel en recomposition, dans lequel les subventions publiques se font de plus en plus rares, remettant en cause le triptyque de financement pourtant plébiscité par les acteurs culturels (un tiers provenant de l’État, un tiers des collectivités locales, un tiers de ressources propres).
Deux axes seront ainsi explorés dans le cadre d’ateliers à vocation pratique : vérifier la validité d’un projet et développer un projet déjà mis en œuvre. La rencontre sera également l’occasion de présenter de nouvelles initiatives, dont la création d’un fonds de dotation pour l’entrepreneuriat culturel, pour lequel les statuts viennent d’être déposés. La collecte de fonds de cette nouvelle structure de financement devrait être bientôt engagée.
Journées de l’entrepreneuriat culturel et créatif 2010.
Séminaires de formation, du 7 au 9 juin, Institut d’études politiques, 14, av. Berthelot, 69007 Lyon.
Tarifs de 300 euros à 800 euros (coût pouvant être pris en charge dans le cadre de la formation professionnelle).
Renseignements et inscriptions : www.journees-entrepreneuriat-culturel.fr ; contact@journees-entrepreneuriat-culturel.fr
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Entrepreneur culturel et créatif
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Abonnez-vous dès 1 €Les "journées de l'entrepreneur culturel et créatif", lors de l'édition 2009, ont été organisées à la salle du conseil du Grand Lyon - © JDECC.
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°324 du 30 avril 2010, avec le titre suivant : Entrepreneur culturel et créatif