Ventes publiques : la Chine s’éveille

Christie’s et Sotheby’s face à de nouveaux concurrents

Le Journal des Arts

Le 1 avril 1996 - 443 mots

Christie’s et Sotheby’s se sont solidement établies à Hong Kong et en Asie du Sud-Est et n’ont pas l’intention de relâcher leurs efforts dans les années à venir : tout au contraire, elles préparent d’ores et déjà l’après 1997.

Même si "les ventes aux enchères ne sont pas dans la mentalité chinoise", comme l’affirme Colin Sheaf, di­recteur du département Chine chez Christie’s à Londres, Sotheby’s a ouvert un bureau à Hong Kong en 1973, suivie par Christie’s en 1986. Cependant, toujours selon Colin Sheaf, le marché n’a véritablement pris son essor qu’au début et à la fin des années quatre-vingt, deux périodes qui ont coïncidé avec une forte croissance économique à Hong Kong.

Christie’s a eu pour politique d’expédier de magnifiques collections privées à Hong Kong, misant sur les enchères records lancées par les ressortissants des différents dragons de l’Asie du Sud-Est. Les goûts des collectionneurs se sont élargis, et les salles de vente ont vu croître la demande en joaillerie occidentale et en peinture chinoise modernes, tout comme dans les domaines plus traditionnels de la céramique, des jades et des bijoux en jadéite.

Ces derniers ont connu un engouement extraordinaire, Christie’s ayant établi un record avec un collier des années trente en perles de jadéite, adjugé 33 millions de dollars HK (environ 22 millions de francs) en octobre 1994, la plus haute enchère jamais atteinte pour un objet d’art en Asie. En revanche, la clientèle hésite toujours à acquérir des "objets funéraires", tels que bronzes anciens et figures Tang, à l’exception toutefois des jades.

Le marché chinois en vue
Personne ne saurait prédire avec certitude ce que l’avenir réserve aux maisons de vente occidentales à Hong Kong. Le marché donne déjà certains signes de ralentissement : à l’automne 1994, Christie’s a réalisé un chiffre d’affaires de 233 millions de dollars HK (151 millions de francs) ; au printemps 1995, celui-ci était tombé à 199 millions de dollars HK (129 millions de francs), puis, à l’automne dernier, à 186,5 millions (121 millions de francs).

Sachant que les acheteurs venant de Taiwan et de Singapour sont très présents lors des ventes se déroulant à Hong Kong, et qu’une bonne partie de ceux qui habitent la colonie britannique se prépare à émigrer, Christie’s s’intéresse aux communautés chinoises implantées dans d’autres pays du Sud-Est asiatique, tels que l’Indonésie, Singapour et la Malaisie… ainsi qu’au marché chinois. Mais la compétition risque d’être rude pour Christie’s et Sotheby’s face à quatre nouvelles maisons de vente privées particulièrement actives en République populaire de Chine. Ces nouvelles venues ont déjà dispersé avec succès des antiquités non exportables, et les acheteurs chinois pourraient fort bien, à l’avenir, préférer traiter leurs affaires chez eux.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°24 du 1 avril 1996, avec le titre suivant : Ventes publiques : la Chine s’éveille

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