Une refonte nécessaire pour la Cinémathèque française

Chargée de conserver et de diffuser l’héritage cinématographique, l’institution créée en 1936 doit faire face à des enjeux patrimoniaux, financiers et de gouvernance qui amoindrissent son efficacité. Sa mission de conservation est entravée par des problèmes de stockage et de gestion de ses collections constituées de 50 000 films et de un million d’objets et d’archives. Éclatés sur cinq sites, ces fonds génèrent des coûts élevés et des difficultés logistiques. La nécessité d’un plan immobilier stratégique devient urgente, alors que certains sites ne sont plus adaptés.

En matière de diffusion, la Cinémathèque peine à élargir son public. Les projections de films subissent une baisse de fréquentation, malgré une programmation diversifiée. La bibliothèque et le centre de ressources, eux, attirent de moins en moins de visiteurs. L’exposition permanente autour de la figure de Georges Méliès peine à atteindre 40 000 visiteurs annuels, ce qui relance le sujet d’un musée national du cinéma. Le site de Bercy, pourtant rénové en 2005, souffre d’un agencement inadapté, d’une mauvaise isolation et d’infiltrations.

Financièrement, le budget de la Cinémathèque (27 M€) repose à 75 % sur des subventions publiques via le Centre national du cinéma qui intervient plus comme partenaire que comme tutelle. Le rapport souligne un potentiel inexploité en matière de billetterie, de mécénat et de valorisation des collections.

Enfin, sa gouvernance apparaît obsolète aux yeux des magistrats. Son statut associatif, marqué par un certain entre-soi, ne répond plus aux exigences d’une institution de cette envergure qui compte 26 directeurs pour un effectif total de 200 employés. Une transformation en établissement public ou en fondation est recommandée pour structurer son action et assurer son avenir.