Intelligence artificielle (IA)

Un tableau de Raphaël attribué par reconnaissance faciale

Par Alexandre Clappe · lejournaldesarts.fr

Le 7 février 2023 - 427 mots

NOTTINGHAM / ROYAUME-UNI

Une nouvelle étude conclut que le Tondo de Brécy est très probablement une œuvre du peintre.

Le Tondo de Brécy (détail) attribué à Raphaël et sa Madone Sixtine (détail) - Photos Nottingham University / Wikimédia / Montage LeJournaldesArts.fr
Le Tondo de Brécy (détail) attribué à Raphaël et sa Madone Sixtine (détail). Montage LeJournaldesArts.fr.

Des chercheurs de l'université de Nottingham et de l'université de Bradford ont utilisé une technologie de reconnaissance faciale pour identifier l'auteur d'un tableau connu sous le nom de Tondo de Brécy. Selon ces chercheurs, il est fort probable que son auteur soit le peintre de la Renaissance italienne Raffaello Sanzio, dit Raphaël (1483-1520).

Sur la base des similitudes entre le visage de la Madone du Tondo de Brécy et la Madone Sixtine de Raphaël, aujourd’hui à Dresde, l’équipe de chercheurs a déterminé qu'il y avait 97 % de chances que le mystérieux tableau en forme de cercle (tondo vient de l’italien rotondo, « rond »), étudié par des universitaires et des historiens de l'art depuis des décennies, soit l'œuvre du maître. Les chercheurs ont comparé les deux œuvres à l'aide d'un système de reconnaissance faciale par intelligence artificielle (IA) que Hassan Ugail, professeur à l'université de Bradford, a commencé à développer en 2002.

Tondo de Brécy attribué à Raphaël par des chercheurs des universités de Nottingham et de Bradford, diam. 95 cm. © Nottingham University
Tondo de Brécy attribué à Raphaël par des chercheurs des universités de Nottingham et de Bradford, diam. 95 cm.
© Nottingham University

Un réseau neuronal entraîné par l'apprentissage automatique à traiter de vastes données a effectué une comparaison des visages des deux tableaux et trouvé une forte probabilité statistique :  les deux madones présentent une similarité de 97 %, et l'enfant Jésus une similarité de 86 %. Les chercheurs affirment qu'une similarité de 75 % ou plus est considérée comme identique.

« En regardant les visages avec l'œil humain, on constate une similitude évidente, mais l'ordinateur peut voir beaucoup plus profondément que nous, dans des milliers de dimensions, au niveau du pixel », précise le professeur Hassan Ugail dans un communiqué.

L'analyse par IA du Tondo de Brécy confirme a posteriori la conviction de l'homme d'affaires et collectionneur d'art britannique George Lester Winward, que ce tableau qu’il avait acheté lors d'une vente en Angleterre en 1981 était un chef-d'œuvre perdu de Raphaël. Windward avait créé le De Brécy Trust en 1995, deux ans avant sa mort, afin de préserver sa collection d'art et de la rendre disponible pour des études ultérieures.

Raphaël (1483-1520), Madone Sixtine, 1513-1514, 265 x 193 cm, huile sur toile, collection Gemäldegalerie Alte Meister, Dresde © Wikimédia, domaine Public
Raphaël (1483-1520), Madone Sixtine, 1513/1514, 265 x 193 cm, huile sur toile, collection Gemäldegalerie Alte Meister, Dresde.

La Gemäldegalerie Alte Meister des musées d'art de Dresde, à qui appartient la Madone Sixtine - très connue pour ses deux putti (anges) au bas de la toile - avait précédemment déterminé que le tondo était une copie beaucoup plus tardive de l'œuvre originale, peut-être de l'époque victorienne. Mais l'analyse moléculaire des chercheurs montre que les pigments utilisés dans le tableau sont typiques de la période de la Renaissance, renforçant l’attribution du tondo à Raphaël.

L'article des chercheurs a été présenté lors d'une conférence internationale à Phnom Penh, au Cambodge, et devrait être publié dans le courant du mois.

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