C’est en catimini, à l’occasion de la présentation le 24 septembre de l’Adoration du Veau de Picabia acheté par le Centre Pompidou, que Christine Albanel a lancé un pseudo « plan de renouveau du marché de l’art ». La ministre de la Culture a bien fait de ne pas le claironner à l’occasion de la FIAC, comme l’avait fait l’ancien Premier ministre Dominique de Villepin en 2005. Car son discours n’aligne aucune mesure concrète, mais un bréviaire de vœux pieux et un recyclage de vieilles idées. La mise en place éventuelle d’un statut spécifique pour les artistes plasticiens étrangers, nouvel indice d’une immigration choisie, s’inscrit dans les pas d’une mesure Villepin, effective celle-là, d’abattement pour les artistes de 50 % sur leur vente d’œuvres durant les cinq premières années d’exercice en France.
Le coup de pouce aux premiers achats d’œuvres d’art par les collectionneurs sous la forme d’un crédit d’impôt ou d’un prêt sans intérêt, seule donnée vraiment positive, est dans les tuyaux de la Délégation aux arts plastiques (DAP) depuis 2005. « Plutôt qu’un crédit d’impôt pour des achats à quelques milliers d’euros, il vaudrait mieux étendre le mécénat aux professions libérales », remarque pour sa part Patrick Bongers, président du Comité professionnel des galeries d’art.
Mais surtout, la Rue de Valois est tombée sur la tête en prétendant « permettre aux maisons de ventes et aux galeries de se développer hors du territoire français ». Ne comprend-elle pas que les entreprises privées n’ont pas besoin d’être maternées par les pouvoirs publics ? Artcurial n’a guère eu besoin de l’État pour ouvrir en Chine, pas plus qu’Emmanuel Perrotin ou Yvon Lambert pour s’installer respectivement à Miami et New York. Surtout ne leur mettons pas un fil, pire un boulet institutionnel, à la patte !
Le ministère manque visiblement d’inspiration, au point de confier un rapport à Martin Bethenod, commissaire depuis à peine trois ans de la FIAC, et plus connu pour sa fascination pour le glamour que pour ses théories sur le marché de l’art. On se demande bien à quoi cette énième étude – la cinquième depuis 1998 – va servir dans la mesure où tous les problèmes ont déjà été identifiés. « Le discours n’évoque pas les deux gros problèmes, à savoir la mauvaise visibilité des artistes français, pour lesquels il était prévu une antenne au Palais de Tokyo, et le droit de suite. En revanche, on évoque la TVA à l’importation qui ne freine pas la tenue de ventes de biens étrangers en France puisque les œuvres entrent en importation temporaire », grince Patrick Bongers, qui se déclare par ailleurs « étonné car l’annonce est précipitée et aucun partenaire n’a été informé ». Les galeries françaises risquent d’ailleurs d’avaler leurs chapeaux en voyant qu’une mission d’évaluation a été confiée au commissaire d’une FIAC qui valorise peu les enseignes hexagonales, et dont le propriétaire, Reed Exhibitions, intente même une action judiciaire contre une foire off (lire p. 44) !
Ce rapport paraît d’autant plus inutile qu’il n’est pas interministériel, alors que la plupart des directions données dans le discours nécessitent l’appui de Bercy. Sans compter les autres questions qui relèvent d’un arbitrage européen !
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°266 du 5 octobre 2007, avec le titre suivant : Un rapport de plus, un !