Le nouveau Musée de Groningue vient de bénéficier d’une aide considérable pour sa construction, exception remarquable dans un pays où les musées ne peuvent espérer obtenir plus de 1 % de leur budget du mécénat. En revanche, les entreprises consacrent des sommes importantes aux expositions prestigieuses.
LA HAYE - Selon une étude récente sur le financement des musées aux Pays-Bas au cours des cinq dernières années, réalisée par le Bureau central des statistiques, les musées d’art néerlandais ne tirent que 1 % de leurs revenus du mécénat. Parmi les grandes sociétés mécènes qui jouent un rôle croissant figurent la banque ABN-AMRO, KPN (fabricant de papier), Gasunie (la compagnie hollandaise du gaz), KLM, Rabo Bank et Unilever.
Le mécénat d’entreprise, aux Pays-Bas, porte essentiellement sur l’organisation d’expositions et la rénovation ou l’agrandissement de musées. La banque ABN-AMRO a, par exemple, apporté son soutien à l’importante exposition d’art néerlandais, "L’Aube de l’Âge d’Or", du Rijksmuseum en 1993. KPN a participé à la rénovation d’une aile du Rijksmuseum.
Un mécénat à long terme
Le Musée de Groningue, inauguré le 29 octobre dernier, reste l’exemple récent le plus spectaculaire de mécénat aux Pays-Bas. La Gasunie a apporté une contribution financière, pour la construction, de 25,5 millions de florins (7,7 millions de francs). La réalisation par la municipalité de Groningue de cet immense (8 060 m 2) et coûteux musée s’est élevée à 47 millions de florins, (soit 14,3 millions de francs).
L’équipe d’architectes, composée de Michele De Lucchi, Philippe Starck et de l’atelier des Autrichiens Coop/Himmelblau, s’est chargée de la réalisation du projet du designer italien Mendini, l’un des fondateurs, avec Ettore Sottsass, du groupe Memphis, dans les années soixante. Gasunie a choisi ce projet pour célébrer le vingt-cinquième anniversaire de sa fondation et "renforcer ses liens avec Groningue et sa région."
Cependant, les grandes sociétés néerlandaises n’informent guère sur leurs activités de mécénat et, en particulier, sur les sommes accordées. En se développant, les grands groupes se dotent de politiques de mécénat à long terme et recherchent des manifestations marquantes ; ils sont donc moins sensibles aux demandes des musées.
Cette évolution risque de rendre encore plus difficile l’accès au mécénat pour les petits musées et les expositions d’œuvres d’art peu connues ou peu susceptibles d’intéresser le grand public. "Sculpture aux Pays-Bas", un festival de sculpture qui se déroule actuellement dans trente-deux musées, en est un exemple typique : bien que cent sociétés néerlandaises importantes aient été approchées, les organisateurs n’ont pu trouver un seul mécène pour prendre en charge la totalité de la manifestation. Ces musées ont également rencontré des difficultés considérables pour trouver un soutien auprès des entreprises de leur région.
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Un mécénat discret
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°9 du 1 décembre 1994, avec le titre suivant : Un mécénat discret