L’avocat général a requis l’annulation des mises en examen de l’ex-directeur du Louvre et de l’ancien directeur scientifique de France Muséums.
Paris. Il est rare que le Parquet requière l’annulation d’une mise examen. C’est pourtant ce qu’a fait le 4 novembre, l’avocat général de la cour d’appel de Paris concernant l’ancien directeur du Louvre, Jean-Luc Martinez, et l’ancien directeur scientifique de l’agence France Muséums, Jean-François Charnier. Les deux hommes avaient été mis en examen respectivement en mai et juillet 2022 dans le cadre d’une enquête sur un trafic d’antiquités menée par le juge Jean-Michel Gentil qui a, depuis, rejoint l’inspection interne de la gendarmerie nationale. Il leur était reproché d’avoir été négligents dans la vérification des certificats de provenance d’objets soumis à la commission d’achat de l’agence France Muséums pour le compte du Louvre Abu Dhabi, une commission présidée par un Émirien.
Selon différentes sources proches du dossier, l’avocat général a requis l’annulation de la mise en examen de Jean-Luc Martinez sur la base d’un argument procédural : une pièce déterminante – car à décharge du dossier –, un e-mail, n’a été remise à la défense qu’après la mise en examen. Seul ce moyen a été retenu mais, selon ces sources, les moyens de fond étaient convaincants. Ces derniers ont été retenus pour Jean-François Charnier. Au vu des pièces du dossier, l’avocat général a fait une lecture de l’affaire bien différente de ce que présentait le procès-verbal de synthèse rédigé par l’Office central de lutte contre le trafic des biens culturels (OCBC), document communiqué fort opportunément à certains médias.
On s’interroge d’ailleurs sur les motivations de l’OCBC qui a mené une longue et rude garde à vue, cherchant sans les trouver, des versements attestant d’enrichissements personnels, et rédigé un procès-verbal à charge. Pour un magistrat qui souhaite rester discret, l’OCBC est « un petit office qui a besoin de s’affirmer dans le contexte actuel de la réorganisation de la police ». Mais le mal est fait et les deux mis en examen ont payé cher cette procédure très médiatisée. Une partie des fonctions d’ambassadeur de Jean-Luc Martinez lui a (provisoirement) été enlevée tandis que Jean-François Charnier a dû quitter son poste de directeur scientifique de l’Agence française pour le développement d’Alula (Afalula).
Pour autant, la demande du Parquet ne présume pas de la décision en février prochain de la chambre de l’instruction, ni de la suite que donnera à l’affaire la nouvelle juge d’instruction Sophie Aleksic. Mais elle risque de peser lourd à l’audience, si les prévenus étaient malgré tout renvoyés devant le tribunal. Me François Artuphel, l’avocat de Jean-Luc Martinez et Me Corinne Hershkovitch, conseil de Jean-François Charnier, n’ont pas voulu s’exprimer officiellement.
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Trafic d’antiquités : l’horizon de Jean-Luc Martinez s’éclaircit
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°599 du 18 novembre 2022, avec le titre suivant : Trafic d’antiquités : l’horizon de Jean-Luc Martinez s’éclaircit