Dans le domaine de l’art contemporain, l’hégémonie du galeriste américain Larry Gagosian s’est accrue au cours de ces quinze dernières années.
La multinationale tentaculaire est désormais dotée de trois espaces à New York, de deux à Londres, d’un autre à Los Angeles et d’un septième à Rome, inauguré pour ce dernier en 2007. Ce quasi-monopole a attiré la plupart des artistes du Top 10 comme Takashi Murakami ou Richard Prince. En 2006, Gagosian conclut même un accord avec la Fondation Alberto et Annette Giacometti pour la commercialisation de fontes posthumes de l’artiste. Cette concentration des pouvoirs n’a pas empêché la montée en puissance de la galerie Hauser & Wirth, créée à Zurich en 1992 et installée à Londres en 2003. Ou la domination de White Cube, lancée à Londres en 1993 et dotée d’un second espace londonien en 2007. Derrière ce tiercé de tête, un nombre ahurissant de plus petites enseignes a vu le jour. Le développement de nouveaux centres artistiques à Pékin ou Mumbai a permis à des marchands asiatiques comme Arario (Séoul, Pékin, New York) de jouer dans la cour des grands. Les galeries occupent aussi des locaux de plus en plus grands. Est-ce le changement de pratique artistique qui a conduit au développement de galeries XXL, portant souvent la griffe d’un architecte de renom ? Ou la possibilité d’occuper de tels espaces a-t-elle donné naissance aux installations de plus en plus monumentales ?
Le 13e investi
1997|Paris
Profitant de loyers modérés, six galeries s’installent rue Louise-Weiss (13e arr.). Depuis trois ans, le quartier a perdu de son énergie avec le départ de quelques-uns de ses piliers. Emmanuel Perrotin part s’installer dans le Marais en 2005, rejoint l’année suivante par Almine Rech. En 2007, c’est Fabienne Leclerc qui migre vers le 6e arrondissement.
Marian Goodman s’ancre à Paris
1999|Paris
Créée en 1977, cette galerie new-yorkaise ouvre à Paris et capte certains artistes phares de la scène française, à commencer par Pierre Huyghe et Annette Messager. Sa double vitrine est un atout majeur.
La galerie qui monte
1999|Paris
D’abord axée sur la photo-graphie, la galerie Kamel Mennour s’installe rue Mazarine (6e arr.). Puis gagne de nouveaux galons en 2007 en prenant un second espace dans l’hôtel de La Vieuville, sis rue Saint-André-des-Arts (6e arr.).
Nouvelle génération
2003|Paris, Bordeaux
De jeunes galeries font leur apparition et montent très vite en puissance à l’image de Jocelyn Wolff et Cortex Athletico.
From New York with love
2003|New York
Yvon Lambert réalise un vieux rêve : ouvrir une antenne à New York. En 2007, il troque son ancien espace pour des locaux de 800 m2 sur la 21e Rue. Après trois années de déficit, la galerie s’est consolidée. Bien plus en tout cas que son antenne londonienne, étoile filante apparue en octobre 2008 et disparue en mars 2009.
Les Kugel voient grand
2004|Paris
Les antiquaires Nicolas et Alexis Kugel quittent la rue Saint-Honoré pour prendre pied dans le fastueux hôtel Collot, situé quai Anatole-France (7e arr.).
Deux couples de galeristes ferment
2004|Paris
Marchands de César et d’Arman, les galeristes Pierre et Marianne Nahon se séparent du château de Notre-Dame-des-Fleurs à Vence (Alpes-Maritimes) et vendent leur collection chez Sotheby’s. La même année, leurs confrères Liliane et Michel Durand-Dessert ferment leur galerie de la Bastille et cèdent leur collection en 2005 chez Sotheby’s à Paris.
Perrotin fuse tous azimuts
2005|Paris, Miami
Cette année-là, le galeriste fait feu de tout bois en s’installant dans un hôtel particulier rue de Turenne (3e arr.), et en ouvrant une antenne à Miami. Récession oblige, il a mis ce dernier espace en veilleuse en décembre 2008.
Révérence
2006 et 2007|Paris
La galerie Maurice Segoura ferme au printemps 2006 et orchestre une vente aux résultats très mitigés chez Christie’s. En revanche, sa consœur Ariane Dandois, qui baisse le rideau l’année suivante, fait une sortie triomphante chez Sotheby’s.
Bruxelles devient sexy
2008|Plus réputée pour le nombre de ses collectionneurs que pour celui de ses galeries, la capitale belge attire les Parisiennes Almine Rech et Nathalie Obadia et la New-Yorkaise Barbara Gladstone.
ET AUSSI…
Chelsea dame le pion à Soho
Lassées par l’invasion des magasins de mode et la hausse des loyers de Soho, les galeries new-yorkaises migrent vers Chelsea. Le galeriste Matthew Marks donne le signal en 1994. Depuis, les grands marchands ont rejoint ce quartier, certains y disposant de deux espaces comme Barbara Gladstone ou 303 Gallery. On y recense aujourd’hui jusqu’à 377 galeries.
La machine de guerre 798
À Pékin, l’ancien complexe militaire baptisé « 798 » ou « Dashanze » est méconnaissable depuis que des étudiants de l’Institut national des beaux-arts ont transformé en 1996 l’un des entrepôts en atelier de création. Avec des espaces qui n’ont rien à envier à ceux de Chelsea, ce quartier a attiré des galeries étrangères. Pionnière en 2005, la Galleria Continua (San Gimignano) est rejointe en 2007 par Faurschou (Copenhague) et en 2008 par Pace Wildenstein (New York).
Mobilier des années 1950
Les marchands de mobilier des années 1950 ont connu récemment des années de vaches grasses. En 2000, Philippe Jousse, séparé de son associé Patrick Seguin, s’installe rue Louise-Weiss (13e arr.), puis prend un espace rue de Seine (6e arr.). En 2003, Patrick Seguin inaugure une galerie aménagée par Jean Nouvel du côté de la Bastille. La galerie Downtown ouvre une seconde enseigne rue Visconti (6e arr.), avant une troisième, située rue de Seine, en 2008.
Berlin « über alles »
Pour le poète allemand Durs Grünbein, Berlin est un « vide qui a la qualité de se remplir à nouveau, peu importe de quoi, pour peu que ce soit amusant ». Le vide se comble depuis cinq ans au gré des artistes et galeries qui y prennent leurs quartiers, attirés par des loyers très bas et une certaine « cool attitude ». En 2005, le galeriste de Los Angeles Peres Projects y ouvre une dépendance. L’année suivante, ce sera au tour d’Aurel Scheibler, Buchmann et Jablonka. Le mouvement fait boule de neige en 2007 avec l’arrivée d’Haunch of Venison et Praz-Delavallade-Suzanne Vielmetter. L’an dernier, ce beau monde fut rejoint par Daniel Buchholz, Capitain & Petzel, Ulrich Fiedler et Sprüth-Magers.
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Suprématie d’une poignée de galeries
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°300 du 3 avril 2009, avec le titre suivant : Suprématie d’une poignée de galeries