Le paysage des foires a été marqué par le renforcement progressif de Tefaf (The European Fine Art Fair) à Maastricht et d’Art Basel à Bâle, des manifestations considérées désormais comme de véritables baromètres du marché.
Leur force repose dans une capacité de rebond et d’anticipation. Art Basel a assis sa suprématie en implantant une seconde foire à Miami Beach, tandis que Tefaf a su couvrir tout le spectre du marché en créant une section « Show Case » pour les jeunes marchands, et un secteur design en 2009. Ce monopole n’a pas freiné la multiplication des foires, notamment dans les pays émergents. La consolidation de certains événements et la montée en puissance de nouveaux salons ont provoqué le déclin d’Art Cologne et de la Foire de Chicago. Le foisonnement engendre immanquablement des coups d’épée dans l’eau. Le bréviaire des feux de paille est long : en 1995, Tefaf rate sa greffe bâloise. Celle-ci est rebaptisée « Cultura » en 1998 avant d’être remplacée par « Basel Ancient Art Fair » (BAAF) en 2004. Autre tentative avortée, le Salon de mars lancé à Paris en 1989 n’a pas réussi sa transplantation à Genève en 2000. Deux ans plus tard, celui-ci est annulé. Précurseur des foires de design, le Salon XXe siècle créé par Rik Gadella en 2002 à Paris s’est arrêté après deux éditions. Idem pour la World Fine Art Fair de Salzbourg (Autriche), lancée en 2007 et annulée cette année. La Shanghaï Fine Jewellery and Art Fair n’aura lieu quant à elle qu’une seule fois en 2007, tandis que Photo London est reporté sine die. Comme en astronomie, il est des planètes, des Nova et des étoiles filantes…
Big Apple passe à l’attaque
1994|New York
Rebaptisée « The Armory Show » en 1998, la Gramercy International Contemporary Art Fair est la première du genre à se dérouler dans un hôtel. Depuis, elle n’a cessé de grossir jusqu’à rallier cette année des galeries de second marché.
Turin monte au créneau
1994|Turin
La municipalité et la région du Piémont s’allient pour damer le pion à Bologna Fiere et transformer Turin en capitale italienne de l’art contemporain.
Ici Berlin
1996|Berlin
Avant que la capitale allemande ne se mue en destination pour les galeries et les collectionneurs, la foire Art Forum avait commencé à en poser les jalons.
Paris capitale de la photo
1997|Paris
Lancé par Rik Gadella puis repris par Reed Expositions France, Paris Photo s’impose comme l’un des seuls salons parisiens réellement international sur le plan tant des exposants que des visiteurs. En douze ans, il a transformé Paris en une plaque tournante pour la photographie.
Les antiquaires hissent le Pavillon
1998|Paris
Nouvelle version du Salon de mars, le Pavillon des antiquaires et des beaux-arts, rebaptisé en 2008 en « Pavillon des arts et du design », donne la parole à de jeunes marchands et promeut le XXe siècle.
Les arts primitifs s’imposent
2002|Paris
Reprenant l’idée de la Brussels Non European Art Fair (Bruneaf), initiée en 1983, Rik Gadella lance le « Parcours des mondes », dédié aux arts primitifs et non occidentaux. Le collectionneur Pierre Moos prend la direction du salon en 2007.
Sous le soleil exactement
2002|Miami Beach
Initialement prévue en 2001 mais reportée en raison des attentats de septembre, Art Basel Miami Beach s’impose comme « LA » foire d’art contemporain des États-Unis, devant Chicago et l’Armory Show.
Swinging London
2003|Londres
Lancée à la hussarde, Frieze Art Fair joue la mouche du coche et bouleverse l’échiquier automnal des foires. Misant trop sur le jeunisme et faisant preuve d’arrogance, elle pâtit aujourd’hui de la crise.
La FIAC redresse la barre
2004|Paris
L’irruption de Frieze provoque une crise de conscience pour la Foire internationale d’art contemporain (FIAC) alors en manque de crédibilité. L’arrivée aux commandes de Jennifer Flay, puis de Martin Bethenod l’année suivante, permet au salon de sortir de sa torpeur.
Dessin version contemporain
2007|Paris
Le succès du Salon du dessin, créé en 1991, fait des émules. Profitant de l’intérêt croissant pour le papier, le Salon du dessin contemporain prend ses marques.
Jamais sans ma biennale
2007|Venise, Lyon
Les manifestations muséales pourraient-elles accueillir des greffes commerciales ? La Cornice Art Fair est lancée au moment de la Biennale de Venise, tandis que Docks Art Fair est concomitante à la Biennale de Lyon.
et aussi…
La multiplication des foires « off »
Le boom du marché de l’art contemporain a eu pour effet la prolifération des foires dites « alternatives ». La première du genre, Liste, voit le jour à Bâle en 1996. La même année, Lise Toubon lance « Austerlitz Autrement » simultanément à la FIAC. En 2001, Scope naît à New York avant d’essaimer à Miami et à Londres. Deux ans plus tard, NADA prend le commandement des foires off à Miami. Paris n’est pas en reste avec la création de Show off et de Slick en 2006.
Pleins feux sur les pays émergents
Dans un marché mondialisé, les foires ne sont plus l’apanage des anciens centres. Elles prennent pied dans les périphéries. En 2004, le transporteur Yves Bouvier donne le ton en créant la « Moscow World Fine Art Fair » à Moscou, annulée cette année. En 2007, les émirats se font concurrence. John Martin fonde « Art Dubaï » tandis que les organisateurs d’Art Paris tentent l’aventure à Abou Dhabi. La même année, ShContemporary s’ancre à Shanghaï. Elle sera concurrencée en 2008 par Art HK à Hongkong. Ailleurs, les tentatives restent balbutiantes, à l’instar de l’India Art Summit lancée en 2008 à New Delhi.
Réouverture du Grand Palais
Transformé en établissement public industriel et commercial, le Grand Palais sera en 2006 une aubaine pour un ministère en mal de politique culturelle, et des salons en quête d’identité. Grâce à leur déménagement dans cette nef prestigieuse, Art Paris, la Biennale des antiquaires, le Salon du collectionneur, la FIAC et le Salon du livre et de l’estampe ont redoré leurs blasons.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Du solide au volatile
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°300 du 3 avril 2009, avec le titre suivant : Du solide au volatile