MOSCOU / RUSSIE
Olga Lioubimova vient du monde de la télévision, du cinéma et du théâtre.
Dans le nouveau gouvernement russe annoncé hier après la démission surprise de Dmitri Medvedev, Vladimir Medinsky, ministre de la culture depuis 2012, a laissé sa place à Olga Lioubimova, qui dirigeait depuis 2018 le département cinéma du ministère. Issue d'une famille de l'intelligentsia moscovite, Olga Lioubimova, 39 ans, a suivi une formation de journaliste spécialisée dans le théâtre. Son père Boris Lioubimov, longtemps critique de théâtre, dirige aujourd'hui l'école supérieure de théâtre Chtchepkine.
Sa carrière démarre à la télévision, où elle travaille pendant neuf ans sur une thématique exclusivement orthodoxe. Elle réalise l'émission « regard russe avec Ivan Demidov », dont certains épisodes (tels « Touchez à une icône et vous la recevrez en pleine gueule ») sont une attaque au vitriol de l'art contemporain russe.
Elle occupe en 2015 et 2016 le poste de conseillère du département cinéma du ministère. Son bref passage laisse une empreinte positive. Sur son insistance, les subventions fédérales allouées à la production cinématographique sont rendues transparentes. Malgré des statistiques peu flatteuses : en 2015, par exemple, sur 340 films financés par l'argent public, seuls 30 se sont avérés rentables sur des critères strictement économiques.
En 2016, Olga Lioubimova retourne à ses premières amours à la télévision pour diriger le service des programmes sociaux et journalistiques de la 1ère chaîne russe (« Pervy Kanal »). Son dernier passage au ministère ces deux dernières années est plus controversé. Elle prive ainsi de visa la comédie franco-britannique « La mort de Staline » et envisage (peut-être sur l'insistance du ministre Vladimir Medinsky) d'imposer une limite de 35 % sur le nombre de films étrangers. Disposition convertie en loi fin 2019 mais pour l'instant non appliquée.
Le départ de Vladimir Medinsky soulage le secteur progressiste du milieu de la culture, qui l'avait dès le départ pris en grippe. Considéré comme étranger au monde la culture, Vladimir Medinsky venait du monde de la publicité et de la politique, où il affichait une loyauté absolue envers le pouvoir. Auteur de plusieurs essais teintés de nationalisme, sa thèse d'histoire est considérée comme non-scientifique par plusieurs historiens renommés, qui ont réclamé que son titre de docteur lui soit retiré.
Plus intéressé par l'histoire militaire et le cirque, il laisse derrière lui un bilan mitigé. La part du cinéma russe a considérablement augmenté sous son mandat, grâce à plusieurs grosses productions subventionnées ayant bien marché en salles. Mais il a beaucoup irrité le monde du théâtre et du cinéma en imposant la censure des mots grossiers, coupant toute subvention aux créateurs selon lui « non patriotiques » et asséchant presque complètement le soutien du ministère à la création contemporaine. Son ministère se trouve du côté de l'accusation dans le procès en cours contre le metteur en scène Kirill Serebrennikov, pour lequel Vladimir Medinsky ne cache pas son mépris.
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Russie, un ministre très orthodoxe remplace un ministre très controversé
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