Depuis l’après-guerre, quelques actions ont été timidement menées en Belgique, jusqu’au récent projet « ProvEnhance » qui entend structurer le processus de restitution des œuvres.
Provenance. La personne qui retrouve la trace, en Belgique, d’un tableau volé par les nazis va devoir être patiente et persévérante pour se faire restituer son bien. La situation est compliquée parce qu’il n’existe toujours pas à ce jour, comme dans d’autres pays, de commission de restitution, ni de base de données complète. La revendication doit être adressée au musée qui possède l’œuvre en question. Et ce n’est pas le musée qui prendra la décision de le restituer, c’est son autorité de tutelle qui varie en fonction des institutions. Pour les Musées royaux des beaux-arts de Bruxelles, géré par l’État fédéral, il s’agit du secrétaire d’État à la Politique scientifique. Le Musée des beaux-arts d’Anvers est un musée de la communauté flamande, c’est donc son ministre de la Culture qui a autorité. Pour le Musée des beaux-arts de Gand, musée de la ville, c’est à l’échevin de la culture de la ville de Gand de prendre la décision.
Après la guerre, la Belgique avait mis en place un service de récupération économique pour coordonner la restitution des biens, service qui a été fermé en 1951. Le solde des tableaux qui n’ont pas pu être restitués a été réparti entre les différents musées du pays. Vingt-six d’entre eux furent confiés aux Musées royaux des beaux-arts de Belgique. En 2021, ils ont été présentés lors de l’exposition « Notre collection en question » qui partageait avec le public les questionnements et les écueils que rencontrait le musée à propos des œuvres spoliées. En 2008, l’un de ces tableaux, Fleurs, du peintre allemand Lovis Corinth a fait l’objet d’un appel à témoins à la suite duquel, en 2016, les ayants droit se sont manifestés par l’intermédiaire d’un cabinet d’avocats berlinois. Et, en 2022, le tableau a pu être restitué à la famille.
Mutualisation des recherches
Tout récemment, c’est le projet « ProvEnhance » qui a été mis sur les rails. Cette initiative originale rassemble quatre institutions qui n’avaient pas l’habitude de travailler ensemble : les Musées royaux des beaux-arts de Bruxelles, l’Université libre de Bruxelles, la Technische Universität Berlin et le Centre d’étude guerre et société des Archives de l’État. La mission de recherche engagée dans un mandat de quatre ans réunit des spécialistes de différentes disciplines, archivistes, économistes ou historiens de l’art qui partagent leurs savoirs, leurs expériences et leurs analyses.
Le programme comporte deux volets principaux. Il y a d’abord la recherche sur la provenance des tableaux acquis par les musées entre 1933 et 1945, et même un peu plus tard. Tous les tableaux ne seront pas systématiquement étudiés, mais ceux dont certains indices pourraient laisser apparaître une potentielle provenance problématique. L’autre objet de recherche est de comprendre le marché de l’art de cette période : qui en sont les acteurs et quelles sont leurs interactions, comme celles qui pourraient, par exemple, exister entre des galeries et des marchands d’art belges avec leurs homologues en France, aux Pays-Bas et en Allemagne. L’idée est aussi de mettre au point une méthodologie – voire un accompagnement – qui pourrait être proposée à de petites institutions muséales qui n’ont pas la capacité de mener des recherches de fond. Ce projet n’a pas l’ambition ni les moyens de répondre aux demandes des particuliers, et vise plutôt à approfondir les connaissances scientifiques et sociétales, par des publications, et en participant à l’élaboration d’une base de données.
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Restitutions en Belgique : des initiatives publiques au compte-goutte
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°622 du 1 décembre 2023, avec le titre suivant : Restitutions : des initiatives publiques au compte-goutte