ROME / ITALIE
La mise en vente du premier communiqué des terroristes revendiquant l’enlèvement d’Aldo Moro suscite l’indignation.
Plus qu’un simple tract : une des pages les plus sombres de l’histoire contemporaine. Le communiqué revendiquant l’enlèvement d’Aldo Moro sera mis aux enchères par la salle des ventes romaine Bertolani Fine Art le 18 janvier prochain. Le dirigeant emblématique de la Démocratie Chrétienne fut enlevé le 16 mars 1978 par les Brigades rouges, qui assassinèrent ses cinq gardes du corps. Son cadavre, recroquevillé dans le coffre d'une voiture, fut retrouvé 55 jours plus tard, le 9 mai. Le communiqué, le premier d’une série de 9 publiés au cours de la captivité d’Aldo Moro, a été mis aux enchères à un prix de départ de 600 euros. Une trentaine d’offres lui ont déjà fait dépasser le seuil des 10 000 euros (*).
La vente du document a suscité, on s’en doute, une violente polémique sur les réseaux sociaux. La plupart des commentaires se font l’écho des propos d’Agnese Moro, la fille d'Aldo Moro tenus il y a dix ans. Un lot de 17 tracts, écrits et distribués par les Brigades Rouges entre 1974 et 1978, avait alors été mis en vente à Milan. Elle avait jugé « déplacé d'acheter et vendre des objets aussi sensibles et symboliques. C’est comme ça qu’on finit par rendre presque normal une tragédie qui n'a rien de normal ».
Au-delà de la dimension symbolique de cette vente, l’aspect historique fait également débat. Le ministre de la culture Dario Franceschini a demandé que l’on vérifie l’authenticité du document. La Direction Générale des Archives conserve 41 exemplaires du premier communiqué des BR revendiquant l’enlèvement du leader de la DC, mais tous ne sont pas complets ou dans un bon état de conservation. Le tract pourrait ainsi être un 42ème exemplaire… ou un faux. C’est ce qu’affirme Paolo Persichetti ancien brigadiste rouge aujourd’hui historien et auteur de nombreux ouvrages sur « ’affaire Moro ». Selon lui il s’agit d’une copie et absolument pas d’un original rédigé sur la célèbre IBM Selectric avec une police de caractères modèle « Light Italia nº12 ». Pour les familles des victimes comme pour la classe politique italienne unanime ce communiqué n’a pas sa place dans une salle de vente aux enchères mais dans celle des archives de l’Etat pour « témoigner de la barbarie que représente le terrorisme ».
(*) L’enchère la plus haute était de 11 000 euros le vendredi 7 janvier 2021 à 10h40. Cliquez sur ce lien pour voir les enchères.
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Polémiques autour de la vente d’un document des Brigades Rouges
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