Quand il parle, Pierre Wat le fait avec fièvre. Avec gourmandise, aussi. La jubilation de la pensée et de la diction. Le plaisir de prononcer et de se prononcer, sur le parti pris des choses, sur le goût du café, sur Peter Handke, sur ses enfants, sur nos soucis.
Il sait qu’il peut énerver, bien sûr. Que la vulnérabilité peine parfois à affleurer sous le plastron de l’assurance. Vieille excuse que les hommes brillants produisent pour pardonner leur superbe et, disons-le, leur séduction. Celle que dut alléguer le docteur qui récolta tôt les lauriers académiques – une thèse sur la naissance de l’art romantique – et les fruits des rencontres – celle, inoubliable, avec Fred Deux, en 1989.
De Tours à Paris en passant par Aix, Pierre Wat a déployé bien plus que de la facilité ou de la loquacité : un regard, une manière d’appréhender le monde. Quitte, donc, à ne pas verbaliser. Comme pour cette importante exposition consacrée à Étienne-Martin et dont l’accrochage revint à s’exprimer sans les mots, sans le recours aux ondoiements de la langue. Émouvante découverte, « misérable miracle », aurait dit Henri Michaux, sa douce hantise.
Souvent, Pierre Wat évoque, mieux, invoque son atavisme – un célèbre grand-père écrivain – pour (se) justifier, pour expliquer sa chance, celle d’écrire sur Buraglio, Viallat ou Turner. Mais faut-il un alibi pour un crime ou un livre que l’on n’a pas commis ? Au jeu des succès si vite advenus, le prochain pas est toujours vertigineux. Ce pas, élégant, sera de côté.
1965
Naissance à Paris.
1989
Rencontre avec Fred Deux.
1996
Soutient sa thèse, sous la direction de Jean-Claude Lebensztejn.
1999-2004
Conseiller scientifique à l’Inha.
2010
Nommé professeur d’histoire de l’art à l’université Paris I-Panthéon-
Sorbonne
2011
Exposition « Étienne-Martin » au Musée des beaux-arts de Lyon.
2012
Carte blanche à la Galerie Vieille-du-Temple.
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Pierre Wat : bas les mots
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Abonnez-vous dès 1 €Galerie Berthet-Aittouarès, stand Art Paris, avec la collaboration de Pierre Wat.
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°645 du 1 avril 2012, avec le titre suivant : Pierre Wat : bas les mots