Baisse générale de régime pour le dessin du côté des ventes publiques organisées en marge du Salon.
Au fil des ans se perpétuent, autour de l’événement moteur du Salon du dessin (lire p. 16), les ventes aux enchères spécialisées dans ce médium. Mais, depuis deux ou trois ans, un essoufflement est perceptible. Ainsi la maison Tajan, qui n’a pu remplir son catalogue en nombre de pièces suffisantes et de qualité, repousse sa vente au 18 mai. « Les retombées du Salon ont été assez faibles sur notre vente l’an dernier. C’est une semaine très agitée. Les gens sont sollicités de toutes parts. Nous préférons désormais toucher nos clients à une période plus calme », argumente Thaddée Prate, responsable du département de la SVV. Pour l’expert Patrick de Bayser, « tout le monde veut profiter de l’événement, mais on risque de le gâcher en inondant le marché de trop de pièces médiocres. »
Chez Christie’s, une vente au matin du 23 mars réunit près de 200 lots estimés entre 200 et 2 000 euros. Dans la vacation plus sélecte de l’après-midi, on retrouve pourtant beaucoup de petites pièces, évaluées de 1 000 à 3 000 euros. Parmi les œuvres de qualité, notons un dessin à la craie rouge d’une rare qualité signé Hubert Robert, Vue de la piazza della Rotonda à Rome, estimé 30 000 euros. « Il a dû être réalisé durant le séjour romain de l’artiste. Il n’y a pas mieux sur le marché », confirme Benjamin Peronnet, le nouveau spécialiste en dessins de Christie’s France. Issue de la série des grandes batailles de Louis XVI actuellement exposée au château de Versailles, La Bataille de Lawfeld, le 2 juillet 1747, grande gouache datée 1768 et signée Louis Nicolas Van Blarenberghe, auréolée d’une belle provenance (Mentmore) et estimée 60 000 euros, constitue l’un des lots phares. Deux gouaches de Joseph Baudin (1691-1753) qui avaient été considérées comme perdues, et inspirées de deux tableaux de Canaletto, La Place Saint-Marc avec la tour de l’Horloge et La Vue du Grand Canal avec la basilique de la Salute, sont estimées 60 000 euros la paire. D’une qualité exceptionnelle, elles témoignent de l’intérêt précoce des amateurs anglais pour Canaletto. Des prix dépassant les estimations sont attendus pour Projet pour la Chinea de 1744, un dessin inédit de Le Lorrain mais connu par la gravure et estimé 8 000 euros ; deux dessins XVIIIe de Fontaine décrivant une Vue panoramique de Rome et une Vue de la place de la Concorde à Paris, estimés 15 000 et 10 000 euros et provenant des descendants de l’artiste, ou encore pour une feuille du XVIIe dans un bel état illustrant la fuite en Égypte par Pier Francesco Mola, estimée seulement 3 000 euros. Notons également parmi un ensemble de sept dessins de Giovanni Boldini (1845-1931) provenant de l’ancienne collection François Ducharne, Une femme nue assise à la craie noire, estimée 12 000 euros.
Chez Piasa, l’expert Patrick de Bayser annonce « une vente de bon niveau mais sans chef-d’œuvre ». La vacation comprendra notamment une grande Étude de prophète par Girolamo Muziano (estimée 12 000 euros) et un Saint Christophe du Guerchin (est. 60 000 euros) modelé par une sanguine tout en délicatesse. Côté français, une petite étude en profil perdu de Watteau tend au chef-d’œuvre (est. 60 000 euros) avec sa technique aux trois crayons plus peinte que dessinée et Victor Hugo insuffle sa poésie à un paysage tachiste crépusculaire (8 000 euros).
Pour la deuxième année consécutive, la SVV Rossini aborde le dessin moderne. « Le projet est de moderniser cette spécialité, pour les amateurs non seulement de dessins anciens, mais aussi d’art moderne, lesquels souhaitent s’ouvrir au dessin », explique l’expert Michel Maket. Au programme : plusieurs pièces de Vladimir Baranoff-Rossiné qui devraient intéresser le marché russe et 60 lots provenant d’une collection acquise principalement à la galerie Durand-Ruel, dont une quarantaine de dessins et d’aquarelles de Gustave Loiseau (est. 300 à 2 500 euros) ; une aquarelle gouachée Honfleur, 24 août 1865, de Jongkind (est. 5 000 euros) et L’Hiver, les bûcheronnes, un dessin au crayon noir de Millet (est. 8 000 euros). À défaut d’une vente complète, les SVV Delorme & Collin du Bocage et Maigret présentent une section dessin parmi des tableaux et objets d’art. On y trouve quelques belles feuilles telle La Bénédiction par Greuze au lavis et encre de Chine, estimée 30 000 euros ; un Paysage romain avec arc de triomphe à la plume et encre brune du Guerchin, portant le cachet de la collection Grahl, estimé 60 000 euros, ou encore L’Enfant au burnous, une aquarelle gouachée signée Foujita, datée 1951 et estimée 30 000 euros.
- DESSINS ANCIENS ET MODERNES, vente le 21 mars, SVV Delorme & Collin du Bocage, 9, rue Drouot, 75009 Paris ; exposition : le 20 mars 11h-18h, le 21 mars 11h-12h, tél. 01 58 18 39 05, www.parisencheres.com - DESSINS ANCIENS DU XVIe AU XIXe SIÈCLE, vente le 22 mars, SVV Piasa, 9, rue Drouot, 75009 Paris ; exposition : le 21 mars 11h-18h, le 22 mars 11h-12h, tél. 01 53 34 10 10, www.piasa.fr - DESSINS ANCIENS ET DU XIXe SIÈCLE, vente le 23 mars, Christie’s, 9, av. Matignon, 75008 Paris ; exposition : les 18, 20, 21 et 22 mars 10h-18h, tél. 01 40 76 85 85, www.christies.com
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Petits papiers, belles enchères
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Abonnez-vous dès 1 €- DESSINS ANCIENS ET MODERNES, vente le 24 mars, Drouot-Richelieu, SVV de Maigret, 9, rue Drouot, 75009 Paris ; exposition : le 23 mars 11h-18h, le 24 mars 11h-12h, tél. 01 44 83 95 20 - DESSINS MODERNES, vente le 25 mars, SVV Rossini, salle Rossini, 7, rue Rossini, 75009 Paris ; exposition : les 22,23 et 24 mars 10h45-18h, le 25 mars 10h45-12h, tél. 01 53 34 55 00, www.rossini.fr
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°233 du 17 mars 2006, avec le titre suivant : Petits papiers, belles enchères