Artiste - Opulente, parfaitement timbrée, la voix marque souvent des pauses, surtout quand elle parle du « blanc d’argent » : c’est que la parole, comme la peinture, réclame le mot juste, le ton parfait.
Ni dièse, ni bémol, ni sourdine affectée. Il faut être simplement à la hauteur du visible, ce royaume aussi profus que secret, plein d’angles morts, de silencieuses perspectives, d’horizons qui se dérobent comme les songes d’une nuit d’été, loin des « manières forcenées » et des « mauvais gestes ». Or, depuis un demi-siècle, et son entrée en peinture en 1969, Pascal Vinardel inspecte ces espaces amplement mystérieux (ports, villas, paysages) qu’inonde la lumière des matins premiers ou des soirs finissants, que peuplent des silhouettes fantomatiques et que sature un air pur comme celui des souvenirs incertains. Bonnard, Balthus et Corot confluent en ces toiles qui incrustent sur nos rétines un monde inoubliable qui, peut-être parce qu’il n’a jamais vraiment existé, s’affirme comme plus vrai que nature. Né à Casablanca en 1951, Pascal Vinardel affronte un exil et une nostalgie, étymologiquement la « douleur du retour ». Avec leurs ombres implacables, avec leurs frondaisons savantes, avec leur lumière souveraine, avec leurs ciels éblouis, les quelque quinze toiles récemment présentées dans la Galerie Nicolas Deman, plébiscitées par des collectionneurs affûtés, déployaient la beauté panoptique du royaume, avec leur goût de jamais là et de déjà-vu, comme dans ces rêves bons à dessiller les yeux et à rafraîchir la mémoire enfouie, à mi-chemin entre Grimm et Modiano…
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Pascal Vinardel - Artiste
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°729 du 1 décembre 2019, avec le titre suivant : Pascal Vinardel - Artiste