Église - Société

Les mosaïques à Lourdes de Marko Rupnik ne seront pas retirées

Par Sara Genin · lejournaldesarts.fr

Le 11 juillet 2024 - 441 mots

LOURDES

Les mosaïques du prêtre artiste accusé d’agressions sexuelles resteront finalement en place, comme l’a décidé une commission.

Mosaïques réalisées par Marko Rupnik sur la façade de la basilique Notre Dame du Rosaire à Lourdes. © Dennis Jarvis, 2014, CC BY-SA 2.0
Mosaïques réalisées par Marko Rupnik sur la façade de la basilique Notre-Dame du Rosaire à Lourdes.
© Dennis Jarvis, 2014

Les mosaïques du prêtre mosaïste resteront en place, elles ne seront en revanche plus illuminées lors des processions mariales nocturnes, a annoncé récemment l’évêque de Tarbes et Lourdes, Jean-Marc Micas. Marko Rupnik, mosaïste et prêtre slovène de 69 ans, est accusé d’avoir commis des agressions sexuelles et des violences psychologiques sur une vingtaine de femmes pendant 30 ans, entre 1980 et 2018, notamment dans la communauté qu’il dirigeait à Ljubljana. 

Exposées à la vue de tous, les mosaïques sont situées sur la façade de Notre-Dame du Rosaire, une basilique de style romano-byzantin (1901), visitée par 3 millions de pèlerins se rendant à Lourdes chaque année. Les mosaïques de Marko Rupnik représentent les mystères lumineux, une série de 5 moments clefs de la vie de Jésus et de la Vierge Marie qui sont énoncés lors de la prière quotidienne du rosaire : le baptême de Jésus, les noces de Cana, l’annonce du royaume, la transfiguration et l’institution de l’eucharistie. Les cinq nouveaux mystères ont été ajoutés en 2002 par Jean-Paul II aux 15 mystères initiaux : les mystères joyeux, les mystères douloureux et les mystères glorieux. Les 15 mystères initiaux sont représentés à l’intérieur de la basilique, ils ont été exécutés entre 1893 et 1907 par le maître italien Giandomenico Facchina.

Mosaïques réalisées par Marko Rupnik sur la façade de la basilique Notre-Dame du Rosaire à Lourdes. © Dennis Jarvis, 2014, CC BY-SA 2.0
Mosaïques réalisées par Marko Rupnik sur la façade de la basilique Notre-Dame du Rosaire à Lourdes.
© Dennis Jarvis, 2014

En février 2023, une commission réunissant des évêques, des experts en art sacré, des victimes et des psychologues avait été constituée pour réfléchir au sort de la mosaïque de Lourdes. Si l’évêque de Lourdes affirme, dans une interview récente pour La Croix, que tous les membres de la commission étaient d’accord pour dire que les actes de Marko Rupnik étaient « insupportables », les oppositions au retrait des mosaïques étaient tout aussi fortes. Selon la demande de l’époque de l’architecte des bâtiments de France, elles sont amovibles.

Les plaintes des victimes du prêtre (religieuses et anciennes religieuses) ont été relayées dans les médias depuis 2022. En juin dernier, cinq femmes victimes de Marko Rupnik (une Italienne, une Française, une Slovène et deux femmes anonymes) avaient demandé le retrait pur et simple des mosaïques du prêtre dans tous les lieux de culte, soit plus de 200 mosaïques à Lourdes, Fatima (Portugal), Damas, Washington, au Vatican et à Rome où 43 chapelles et églises sont concernées.

L’avocate des victimes Laura Sgrò salue un premier pas pour les mosaïques de Lourdes, cependant elle émet des réserves face à cette mesure jugée inefficace. « De jour les mosaïques seront visibles et continueront d'alimenter la consternation des fidèles et le sentiment de douleur des victimes », explique Laura Sgrò.

Mgr Jean-Marc Micas, évêque de Tarbes et Lourdes,  18 avril 2023

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