Fermé à partir de cet automne et pendant un an, pour cause de travaux, le Musée d’art moderne de la Ville de Paris donnera naissance à la fin de l’année 2004 à un nouveau lieu dédié à la création contemporaine. Durant cette période, l’ARC sera installé dans les 650 m2 du couvent des Cordeliers, situé dans le 5e arrondissement de Paris. Cette structure temporaire s’annonce comme un interlude prometteur, enrichi d’un cycle de rencontres et de conférences pluridisciplinaires.
PARIS - En octobre, le Musée d’art moderne de la Ville de Paris fermera ses portes pendant un an, le temps nécessaire pour remettre aux normes de sécurité l’aile est du Palais de Tokyo, construite en 1937. Peu de changements muséographiques donc, mais la création de portes coupe-feu, d’issues de secours et de trappes de désenfumage réglementaires. Mais l’institution dirigée par Suzanne Pagé ne ferme pas pour autant. Alors que les collections seront exposées hors les murs, dans les mairies d’arrondissements ou dans des expositions itinérantes, l’ARC (Animation Recherche Confrontation), section du musée dédiée à la création contemporaine et qui occupe habituellement le premier étage du bâtiment, migre au couvent des Cordeliers dans le 5e arrondissement de Paris. “Un lieu très différent dans un contexte qui l’est aussi totalement”, prévient Laurence Bossé, directrice du département. Des 1 500 m2 habituels, l’on passe à 650 m2, du 16e arrondissement au Quartier latin, et les horaires d’ouverture seront plus “centraux”, prévus entre 12 et 20 heures. Inaugurée le 5 novembre avec les interventions de Maja Bajevic, Tomislav Gotovac et Tino Sehgalune, la programmation alternera expositions monographiques et collectives, tout en s’enrichissant du “Club des Cordeliers”, série de conférences et de rencontres. “L’ARC a souvent organisé dans le passé différents événements, liés par exemple à la musique contemporaine, au jazz, à la poésie, ainsi que des performances et des débats, note Laurence Bossé. Aujourd’hui, au couvent des Cordeliers, nous souhaitons imaginer, mises à part des expositions, des rendez-vous au-delà des arts plastiques, et créer des ponts avec la littérature, l’architecture, les sciences, le cinéma, la musique... Ces événements se tiendront au sein du couvent, mais nous ne nous interdisons pas des interventions à l’extérieur dans le domaine du cinéma ou de la musique, en des lieux qui pourraient constituer ainsi à des ‘antennes’”.
Conservateur au Musée d’art moderne, coorganisateur de l’“Utopia Station” à la Biennale de Venise et infatigable promoteur des rencontres interdisciplinaires, Hans Ulrich Obrist abonde dans ce sens. “Évidemment, il y a le regret d’abandonner pendant un an un lieu qui est chargé d’une histoire d’expositions incroyable, marqué par des grands gestes d’artistes. Mais, d’un autre côté, il y a l’enthousiasme de définir un nouveau lieu pour l’art contemporain, notamment avec l’intervention que mène actuellement l’architecte Didier Fiuza Faustino. Souvent, les architectures d’expositions renvoient à l’idée de la tabula rasa ; notre souhait est davantage de créer une certaine sédimentation, d’inventer un instrument de travail avec d’autres temporalités que le format habituel de l’exposition. Ces dernières années, les expositions monographiques (Olafur Eliasson, Steve McQueen, Philippe Parreno...) de l’ARC ont souvent été l’occasion, selon les souhaits des artistes, de multiplier des rencontres, d’établir des liens entre art et science, art et cinéma, ou art et littérature. C’est ce que nous allons poursuivre, par exemple avec une exposition d’Anri Sala en janvier 2004 ou les Rencontres du club des Cordeliers, dont Frederico Nicolao, philosophe et écrivain, est le premier auteur.” Assurant la programmation de ces rencontres pendant l’hiver 2003-2004, l’Italien sera remplacé au printemps par la sociologue Ginette Le Maître. “Cette année est aussi une occasion de réfléchir davantage sur le ‘musée éclaté’, poursuit Hans Ulrich Obrist, en faisant des extensions, comme des projets dans des cinémas.”
La fermeture imposée du bâtiment de l’avenue Wilson accélère donc les orientations prise ces dernières années. “L’exposition ‘Déplacements’, présentée actuellement, est un peu une annonce, note Laurence Bossé. Si un musée veut continuer à être vivant, il doit être en mouvement.”
Couvent des Cordeliers, 15 rue de l’École-de-Médecine, 75005 Paris, ouverture courant novembre.
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Abonnez-vous dès 1 €Outre l’exposition “Déplacements”?, qui regroupe les travaux de Deimantas Narkevicius, Bojan Sarcevic, Nicolas Moulin, Dorit Margreiter, Francis AlÁ¿s, du collectif Multiplicity et l’“Agora réunionnaise”?, un projet de Jean-Christophe Royoux, l’ARC/Musée d’art moderne de la Ville de Paris présente jusqu’au 28 septembre “Women’s room”? de Yoko Ono et “A Camera for Jonas”? de Jonas Mekas. Sans oublier “Aplat”?, l’importante monographie de Bernard Frize (lire le JdA n° 174, 27 juin 2003), qui occupe le rez-de-chaussée du musée. - ARC/Musée d’art moderne de la Ville de Paris, 11 av. du Président-Wilson, 75116 Paris, tél. 01 53 67 40 00, tlj sauf lundi, 10h-18h, 10h-19h, les samedi et dimanche.
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°175 du 29 août 2003, avec le titre suivant : Ouvert pour travaux