Mouvement social dans les musées, un impact limité pour le public

Présents dans les cortèges exigeant le retrait de la réforme des retraites, des salariés et étudiants du secteur culturel le seront vraisemblablement aussi ce mercredi 15 mars, huitième jour d’appel à la grève lancé par l’intersyndicale. La veille, c’était au sein du Musée Picasso à Paris qu’une quarantaine d’agents issus des différents établissements du ministère de la Culture (CMN, INRAP, C2RMH, Musées) défilaient dans les salles. « La retraite est notre patrimoine, au même titre que les œuvres conservées dans nos musées ! », défendait Nathalie Ramos, déléguée générale de la CGT Musées et Domaines Nationaux.

Le 8 mars, une centaine de salariés du Louvre ont manifesté devant La Joconde lors de la journée internationale des droits des femmes : « Macron, ta réforme nuit gravement aux femmes » pouvaient lire les visiteurs sur les banderoles. Le lundi 13, les salariés de l’établissement du château de Fontainebleau, réunis en Assemblée Générale, organisaient la gratuité de l’entrée du domaine sur la journée. Des actions ponctuelles que la CGT Musées et Domaines Nationaux souhaite multiplier : « d’un site à l’autre, nous irons manifester » promettait Nathalie Ramos à l’issue de l’action au Musée Picasso.

Depuis les premières mobilisations du 19 janvier, les grèves ont légèrement perturbé le fonctionnement des musées : les appels à la grève de l’intersyndicale tombent souvent le mardi, jour de fermeture pour la plupart des établissements. Au Musée Picasso, le mouvement a cependant été particulièrement suivi, avec huit journées de fermeture, totale ou partielle. Les établissements de Paris Musées ont également été touchés par la mobilisation, avec des fermetures régulières au Musée Carnavalet, à Cognacq-Jay et au Palais Galliera.

Plusieurs sites du Centre des Monuments Nationaux n’ont pu ouvrir leur porte lors des journées de mobilisation, comme l’Arc de Triomphe, les remparts de Carcassonne ou les tours de la Rochelle. Sur d’autres sites, comme au Panthéon le 11 février, une gratuité d’entrée a été organisée. Parmi les grands établissements, le château de Versailles a dû fermer ses portes le jeudi 19 janvier, et le Musée d’Orsay le 7 mars dernier. Beaucoup de directions d’établissement ont fait le choix d’ouvrir leurs portes avec un parcours partiellement fermé ou des horaires de fermeture anticipés lors des jours de mobilisation.

Le taux d’agents grévistes dans les établissements du ministère de la Culture tourne autour de 17 %, selon le ministère, qui collecte ses chiffres le jour d’appel à la grève, dans la matinée. Une donnée « incomplète » pour les syndicalistes, qui rappellent qu’il n’y a pas d’obligation pour un agent à se déclarer gréviste le jour même. La CGT-Culture avance un taux de 20 % « au minimum » d’agents grévistes lors des jours de mobilisation. Ce chiffre varie d’un établissement à l’autre : à la BNF, le mouvement très suivi a réuni 800 grévistes cumulés les 7 et 8 mars sur quelques 2 000 agents.

La réforme des retraites pourrait avoir des conséquences directes sur le secteur culturel selon les syndicalistes. « Pour nos métiers, la réforme pose des questions très concrètes. Les agents font des études longues, entament leur carrière tard, et souvent par des années de précarités. A l’INRAP, nous avons déjà des collègues qui partent à 67 ans pour avoir une carrière complète. », explique Pierre Pouennat, délégué du Syndicat général des personnels de l’archéologie-CGT.