Mieux connaître le patrimoine et l’histoire de l’art ukrainiens

Si l’idée de ce numéro spécial a émergé de l’invasion russe de février 2022, ses deux éditeurs et coordonnateurs relèvent dès l’introduction que le patrimoine ukrainien est « largement méconnu, particulièrement dans le périmètre français ». Les articles de la revue cherchent donc à combler ce manque, et abordent des sujets variés, de l’architecture soviétique à la photographie, en passant par l’œuvre d’Ilya Répine et la notion de « baroque ukrainien ».

Plusieurs thématiques renvoient indirectement à la guerre, même si les auteurs (français, ukrainiens et allemands) l’évoquent peu. Ainsi l’article d’Enguerrand Lascols sur les pièces ukrainiennes dans les collections des musées français fait-il écho à un regain d’intérêt en Ukraine pour le patrimoine populaire et le folklore, en lien avec la résistance à l’invasion russe. Et l’article de Fabien Bellat sur la reconstruction de Kiev sous Staline évoque les récentes photographies de destructions : il en ressort que l’urbanisme ukrainien est structuré par l’époque soviétique (bâtiments modernistes, monuments, statues).

La revue propose aussi un regard critique sur le manque de connaissance des historiens de l’art sur l’Ukraine, dans un article signé par un collectif de chercheurs allemands et polonais. Dans cet article passionnant, ceux-ci soulignent les « points aveugles » de la recherche en histoire de l’art en Allemagne et en Pologne, une recherche centrée sur le patrimoine byzantin et soviétique, et les questions d’identité culturelle. Entre articles historiques (les premiers édifices chrétiens) et études spécialisées (l’école de photographie de Kharkiv), ce numéro dresse un panorama instructif de l’art et du patrimoine ukrainiens mis en lumière malgré eux par l’invasion russe.