Sir Denis Mahon menace de revenir sur sa décision de léguer trois tableaux à la Walker Art Gallery de Liverpool dans le cadre de son legs de plusieurs dizaines de tableaux baroques italiens aux musées britanniques. L’historien de l’art entend protester contre la volonté des administrateurs des National Museums of Merseyside, dont dépend la Walker Art Gallery, d’instaurer un droit d’entrée de 3 livres sterling, à partir du 1er juilÂlet, pour compenser la diminution de leur subvention publique.
LIVERPOOL. Au risque de perdre trois tableaux de grande valeur du Baroque italien, dont un Guerchin, les administrateurs de Merseyside affirment n’avoir "pas eu d’autre choix que d’instaurer un droit d’entrée qui permette d’assurer l’ouverture au public des sept institutions dont ils ont la responsabilité". L’entrée étant déjà payante dans quatre d’entre elles, elle le deviendrait donc pour la Walker Art Gallery, la Lady Lever Art Gallery et le Liverpool Museum. Richard Foster, directeur de la Walker Art Gallery, a expliqué à Denis Mahon que les administrateurs de Merseyside étaient "au pied du mur", en raison des coupes gouvernementales qui devraient faire passer leur budget de 13,3 millions de livres à 12,7 millions pour 1998-1999.
Pour un musée étranger ?
Le collectionneur garderait donc Saint Jean-Baptiste visité en prison par Salomé, une toile du Guerchin prêtée depuis 1991 à la Walker Art Gallery, ainsi que deux autres œuvres promises par l’intermédiaire du National Art Collections Fund (lire le JdA n° 32, janvier 1997) : Vénus, Mars et la forge de Vulcain par Luca Giordano, et Paysage avec saint Bruno en extase de Pier Francesco Mola. Bien qu’il ait été officieusement proposé à Denis Mahon d’exposer ces trois œuvres en accès libre, celui-ci a rejeté cette offre, tenant à ce que ses peintures soient présentées en compagnie d’autres œuvres du XVIIe siècle. Il a par ailleurs déclaré vouloir léguer ces trois tableaux à un musée étranger, sans en préciser le bénéficiaire. Rappelons que Denis Mahon a annoncé son intention de léguer soixante-trois peintures de sa collection à diverses collections publiques britanniques, ainsi qu’à la National Gallery of Ireland, à Dublin, et à la Pinacothèque nationale de Bologne. Si les tableaux étaient offerts à un musée étranger, il leur faudrait obtenir une autorisation d’exportation en supposant que leur valeur excède chacune 119 000 livres. Les musées britanniques pourraient auquel cas se porter acquéreur au prix du marché, ce qui placerait le Department of National Heritage dans une position embarrassante, puisqu’il serait en position d’acheter des œuvres qui lui étaient gracieusement offertes auparavant ! L’exposition "À la découverte du baroque italien : la collection de Denis Mahon" est visible jusqu’au 18 mai à la National Gallery de Londres.
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Mahon dit non
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°34 du 1 mars 1997, avec le titre suivant : Mahon dit non