Luc Delahaye - Photographe

L’actualité d’abord, puis son désir de raconter autrement cette histoire l’ont ensuite ramené en Cisjordanie et à Gaza. Entre-temps, il a couvert d’autres conflits, rejoint et quitté Magnum, rompu avec le photojournalisme pour s’engager à sa façon dans le documentaire, non sans provoquer maintes réactions. Il n’était pas revenu en Palestine depuis 2009.

« Sumud et autres histoires », à la Galerie Obadia, condense en peu d’images et une vidéo ce retour, mais plus largement sa manière de représenter ce terme de Sumud, qui signifie pour les Palestiniens « une manière de résister, de rester sur cette terre ». À la galerie, le mur réservé à des images prises antérieurement et mises en résonance avec les plus récentes en dit long sur son positionnement vis-à-vis de la question de la représentation, de l’esthétique et de la forme de cette lutte.

L’intranquillité de l’homme ne se perçoit pas dans ces images solides dans leur construction et leur propos. L’épanchement ne fait pas partie de sa manière d’être ni de saisir les conflits. La parole est rare, les expositions encore plus. Excepté celles organisées par La Maison rouge, il y a douze ans, et celles de la Galerie Nathalie Obadia, aucune institution française jusqu’à ce jour ne l’a programmé. Situation paradoxale pour une œuvre pourtant centrale appréciée par les collectionneurs, les institutions nationales et internationales.