Les musées et les sites archéologiques irakiens, aussi, ne se sont toujours pas remis de l’invasion du pays, il y a dix ans le 19 mars.
BAGDAD (IRAK) - Le 19 mars sonnera le 10e anniversaire de la seconde invasion de l’Irak par les forces de la coalition emmenée par les États-Unis. À l’heure où l’Irak cherche une unité, son passé prestigieux est en passe d’être oublié. Parmi les conséquences tragiques pour le pays et ses 34 millions d’habitants, figurent le pillage et l’abandon d’importants sites archéologiques, ainsi que la fermeture de la plupart des musées auxquels toute une génération n’aura pas eu accès. Au lendemain de l’invasion, l’anarchie s’est emparée de Bagdad, entraînant les pires dégâts. Le Musée national d’Irak, l’un des plus importants du Moyen-Orient, fut pillé entre le 10 et le 12 avril 2003. Les premiers rapports alarmistes faisaient état du vol des 200 000 pièces de la collection – les plus belles avaient heureusement été préalablement transférées en lieu sûr. Environ 16 000 pièces antiques ont été dérobées, dont la moitié ont été retrouvées. Le récolement des collections, qui a débuté quelques années après, est loin d’être achevé.
Un projet pour Bassora
Le mystère demeure au sujet des pièces disparues. Rares sont celles qui sont apparues sur le marché. Les pillards les recèlent-elles encore ? D’autres peuvent avoir été vendues à des collectionneurs peu regardants – vraisemblablement dans les pays du Golfe, indique un interlocuteur d’un musée européen. Rouvert temporairement pendant deux ans, de 2000 à 2002, le Musée d’Irak est cependant fermé depuis 1991, date de la première guerre du Golfe. Si un ambitieux projet prévoyant la construction d’une entrée de style babylonien vient d’être annoncé, les archéologues préféreraient voir le musée ouvert plutôt qu’agrandi. Le gouvernement italien offre aujourd’hui son concours pour la rénovation du bâtiment, une tâche qui devrait aboutir l’an prochain. À Mossoul, le deuxième musée du pays a aussi été la cible de pillards, mais la plupart des collections avaient, par précaution, été expédiées à Bagdad. Dix ans plus tard, le musée reste fermé.
La situation est plus encourageante à Bassora, où un nouveau musée va voir le jour dans l’un des anciens palais de Saddam Hussein. Financée par le Conseil régional de Bassora et des mécènes étrangers, la transformation coûtera autour de 3,8 millions d’euros et devrait s’achever en 2014. Pour les sites archéologiques pillés au lendemain de l’invasion (en particulier à Isin, Tell Djokha [ancienne Umma] et Bismaya [ancienne Adab]), la situation ne s’est améliorée qu’en 2006, grâce à des gardes plus nombreux, des contacts noués entre les archéologues et la population locale, une situation sécuritaire en progrès et une demande des collectionneurs en baisse. Rappelons que les forces de la coalition avaient endommagé des sites comme Babylone.
Enfin, la réhabilitation des musées et sites irakiens souffre de querelles politiques. Les tensions entre le Musée d’Irak, l’administration des Antiquités et le ministère de la Culture sont tangibles. John Curtis, conservateur au British Museum, à Londres, suit le dossier irakien depuis le début : « Une telle lenteur est décevante. Mais nous pouvons nous réjouir de l’ouverture du musée de Bassora l’an prochain ainsi que celle, avec de la chance, du Musée d’Irak à Bagdad. »
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L’Irak tente de recoller les morceaux
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°387 du 15 mars 2013, avec le titre suivant : L’Irak tente de recoller les morceaux