Le château de Fontainebleau accueille pour un week-end le tout premier « Festival de l’histoire de l’art », hâtivement organisé.
FONTAINEBLEAU - Dès son arrivée Rue de Valois, Frédéric Mitterrand avait annoncé vouloir soutenir l’histoire de l’art. La bataille de l’agrégation étant perdue de longue date, son engagement – lié sans doute à son passage à la tête de la Villa Médicis, à Rome – s’est traduit par le lancement d’une manifestation festive, destinée à croiser grand public et spécialistes afin de tenter de rendre populaire une discipline encore confinée à un cercle d’amateurs et de professionnels.
Du 27 au 29 mai, la ville de Fontainebleau (Seine-et-Marne) sera donc le théâtre d’un événement inédit ayant vocation à devenir un rendez-vous annuel : le « Festival de l’histoire de l’art ». Celui-ci s’inspire directement du modèle des Rendez-vous de l’histoire de Blois, manifestation créée en 1998 à l’initiative de Jack Lang et Jean-Noël Jeanneney, et qui tiendra sa 14e édition en octobre. Placé sous le signe de l’Italie et dédié à la thématique de la « Folie », le festival de l’histoire de l’art a mobilisé quelque 300 intervenants, en grande majorité hexagonaux, qui animeront conférences, débats, ateliers, visites, le tout étant complété par un salon du livre et de la revue d’art et une programmation spécifique de films. Les manifestations sont entièrement gratuites et accessibles sans réservation, à l’exception des visites guidées. Plus discret, un volet dédié à l’accompagnement du développement de l’histoire des arts à l’école (l ’« Université de printemps ») est réservé aux enseignants, à qui il offre la possibilité d’échanger avec la communauté des historiens de l’art.
Pour le ministère de la Culture, ce festival est aussi un pari. Son organisation, suivie de près par le ministre, s’est pourtant heurtée à quelques difficultés de gestation. Il aura fallu d’abord choisir une ville susceptible d’accueillir l’événement. Par prudence, le ministère, qui n’a pas lancé d’appel à concurrence mais a « testé des villes », a finalement retenu Fontainebleau au détriment de Dijon, Nancy ou Bordeaux. Pour quelles raisons ? Pour sa – très relative – proximité avec Paris, mais aussi du fait de la présence de l’un de ses opérateurs, l’établissement public du château, susceptible de gérer la logistique. D’aucuns y verront aussi un lot de consolation pour un site jadis candidat à l’accueil de la future « Maison de l’histoire de France ». Mais pour le président du château, Jean-François Hébert, l’événement peut aussi se révéler être « un levier du développement de l’établissement », dont l’accès sera totalement gratuit durant ces trois jours. La Mairie de Fontainebleau mettra aussi en place une navette, depuis la gare, pour la desserte du château. Cette navette, qui manque d’ordinaire, pourrait être pérennisée.
Une fois le site choisi, il aura fallu trouver des financements, le ministère de la Culture ne déboursant que 300 000 euros. Près de 650 000 euros ont été recueillis auprès des collectivités locales, mais aussi « grâce à quelques mécènes inattendus ». Enfin, mettre en œuvre la programmation n’aura pas été une mince affaire. Désigné logiquement pour en piloter le contenu scientifique, l’Institut national d’histoire de l’art (INHA) a peiné à définir un contenu cohérent, laissant des intervenants – non rémunérés – à la manœuvre pour en affiner le menu. Le résultat risque donc d’être inégal même si de traditionnelles têtes d’affiche de la discipline ont été enrôlées, dont l’incontournable Pierre Rosenberg, ancien président du Louvre et grand manitou de la discipline.
Si une incertitude demeure sur le profil des visiteurs, l’objectif d’atteindre une fréquentation de 10 000 personnes est affiché avec optimisme. Croisés peu avant le début de l’événement, plusieurs conservateurs de musées, en régions mais aussi à Paris, n’étaient pourtant même pas au courant de la programmation de festival…
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L’histoire de l’art en version festive
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°348 du 27 mai 2011, avec le titre suivant : L’histoire de l’art en version festive