Arco est le grand rendez-vous du marché de l’art contemporain en Espagne. La France en est cette année le pays invité d’honneur. Voici quatre pages présentant les manifestations organisées à cette occasion, avec tout d’abord un état des lieux des musées et des galeries espagnols.
Suivant l’exemple français, de nombreux musées d’art contemporain et centres d’art ont ouvert ces dernières années dans la plupart des grandes villes espagnoles. Les galeries, qui participent très largement à Arco, la foire d’art contemporain de Madrid, effectuent un important travail de promotion de la jeune génération, dont les principales préoccupations rejoignent, au niveau international, celles de ses alter ego.
Dans les années quatre-vingt-dix, les préoccupations liées au corps, à l’autre et à ses différences, au post-féminisme et à l’homosexualité ont été au centre du travail de nombre d’artistes espagnols. Une récente exposition à Saint-Sébastien, intitulée “Trasgenéric@s”, a montré la constance de ces recherches. D’autres plasticiens se rapprochent en revanche de thèmes proches de l’art public, de l’architecture, ou développent des propositions de nature critique, tant sur certains aspects du monde artistique que sur d’autres qui le transcendent. Il en est ainsi d’Eulalia Valldosera, qui expose jusqu’au 25 avril au Musée d’art contemporain de Montréal, ou de Susy Gómez qui montre son travail jusqu’au 7 mars au Musée d’art moderne et d’art contemporain de Nice. Davantage présent en France, Javier Pérez, que représente la galerie parisienne Chantal Crousel, a bénéficié l’année dernière d’une exposition individuelle à l’Ancienne Douane, à Strasbourg. Dora García a participé à la dernière édition de la “Manifesta” au Luxembourg, tandis que Francisco Ruiz Infante a été choisi pour participer à la prochaine biennale de Santa Fe, aux États-Unis. Enfin, Ana Laura Aláez jouit déjà d’une belle reconnaissance internationale. Plus proche de l’actualité espagnole, Rogelio López Cuenca a récemment exposé, à Barcelone, Malaga et Madrid, un projet dans le sillage des situationnistes. Txomin Badiola propose actuellement son travail à la galerie madrilène Soledad Lorenzo, et Ana Carceller Helena Cabello exposent dans la salle La Gallera de Valence.
Depuis quelques années, musées et centres d’art se sont multipliés en Espagne. Le Musée national Centre d’art Reina Sofía a ouvert à Madrid en 1985, et des musées d’art contemporain ont été inaugurés à Valence (l’Ivam), à Las Palmas aux Canaries (le Caam), à Saint-Jacques-de-Compostelle (le CGAC, conçu par Alvaro Siza), à Barcelone (le Macba de Richard Meier), à Badajoz (le Meiac), à Bilbao (le Guggenheim de Frank O. Gehry) et à Séville (le Caac). Également très actives, les fondations Miró et Tàpies à Barcelone, les fondations Juan March et Caja à Madrid, ou encore la Fondation La Caixa – installée principalement à Barcelone, Madrid et Palma de Majorque – qui offrent une programmation régulière d’expositions. S’y ajoutent les espaces d’exposition dépendant des gouvernements régionaux et des municipalités, comme le Centre d’art Santa Mónica à Barcelone, la Tecla Sala à l’Hospitalet de Llobregat – près de Barcelone –, la Sala Rekalde à Bilbao, la Sala Koldo Mitxelena à Saint-Sébastien ou la Sala Plaza de España à Madrid. Malgré cette apparente prolifération, ces liens ont conduit ces dernières années à une politique très conservatrice, à l’exception toutefois du Macba et de la Fondation Tàpies. Peu d’espaces se consacrent aux artistes émergents. Signalons à Barcelone la Sala Montcada (de la Fondation La Caixa), l’Espai 13 (de la Fondation Miró), Metronom et la Capella. Ils sont moins nombreux à Madrid, avec l’Espace 1 du Musée Reina Sofía, Cruce et le Centre de ressources culturelles de la Communauté de Madrid. À Bilbao, il faut noter la récente inauguration de Bilbao-Arte et Consonni. Enfin, à Valence, le gouvernement régional accomplit un travail important, notamment depuis la création de l’espace La Gallera.
Madrid reste le principal centre du marché de l’art contemporain, et les meilleures galeries consacrées à l’art actuel y sont installées : Soledad Lorenzo, Juana de Aizpuru, Helga de Alvear, Oliva Arauna, Fúcares, Marta Cervera, Salvador Díaz, Buades... À Barcelone, l’éventail est moins large, même si certaines galeries ont un bon niveau : Joan Prats, Estrany-de la Mota, Carlos Taché, Antonio de Barnola, Carles Poy... Au cours des dernières années, Valence a vu foisonner les galeries, parmi lesquelles se distinguent Luis Adelantado, Tomás March ou Visor. Au Pays basque, Trayecto travaille à Vitoria, Windsor Kulturgintza à Bilbao et DV à Saint-Sébastien. Enfin, à Séville, se trouvent Juana de Aizpuru et Rafael Ortiz. Arco, la foire d’art contemporain de Madrid, est sans aucun doute la meilleure occasion de les voir, puisqu’elles y participent presque toutes.
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L’Espagne et l’art contemporain
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°76 du 5 février 1999, avec le titre suivant : L’Espagne et l’art contemporain