Le vol d’œuvres d’art en France a battu l’an dernier des records (lire le JdA n° 83), alors que l’Italie, autre pays traditionnellement menacé en raison de la richesse de son patrimoine, semble connaître la situation inverse : 2 032 plaintes ont été déposées en 1998, contre 2 353 en 1996. Dès 1969, nos voisins transalpins se sont dotés d’une police spécialisée pour lutter contre ce fléau. Le général Roberto Conforti, chargé de cette section, revient sur la situation en Italie.
Général Conforti, pouvez-vous commenter l’évolution des vols d’œuvre d’art en Italie, et les réponses que l’État a apportées à ce problème ?
Les vols dans les collections publiques ont beaucoup baissé : 30 vols ont été commis dans les musées en 1992, contre 14 aujourd’hui, principalement des objets de faible valeur. Cette baisse est surtout due à un engagement important, même en termes économiques, du ministère pour les Biens et activités culturelles, qui a instauré des mesures de sécurité dans les musées et formé du personnel de surveillance. Parallèlement à l’accroissement des agressions contre le patrimoine artistique, notre champ d’activité s’est étendu et modifié. L’Italie a été le premier pays au monde, un an avant la convention Unesco de Paris en 1970, à se doter d’une structure spécifique pour la récupération du patrimoine artistique volé. Nous pouvons nous enorgueillir d’être la référence internationale dans ce domaine. Notre banque de données, par exemple, est considérée comme l’une des plus riches et des plus avancées sur le plan technologique.
Est-il vrai que le marché illégal tend de plus en plus à devenir un champ d’action pour la Mafia et la Camorra ?
Ces derniers temps, ces organisations sont entrées sur le marché de l’art pour y blanchir l’argent provenant de leurs autres activités criminelles. De plus, la suppression des frontières a favorisé la création de nouvelles associations internationales. Si l’on sait que les trafics illicites d’œuvres d’art génèrent des profits inférieurs de quelques millions seulement à ceux du trafic de stupéfiants, on aura une idée de l’intérêt porté à ce secteur par la grande criminalité organisée.
Depuis 1993, la Brigade a ouvert une “section des faux”. Pourquoi une section spéciale ?
Dans une période de récession économique, les faux abondent. C’est un phénomène de grande envergure, spécialement pour les œuvres contemporaines. Notre législation est pourtant une des plus claires. Nous répondons par des interventions souvent énergiques, mais cela ne semblait pas assez dissuasif. Bien que le nombre d’œuvres supposées fausses et mises sous séquestre soit élevé, il y a aujourd’hui peu de procès qui aboutissent, en partie en raison de la méconnaissance de ce secteur délicat par la magistrature. Bien souvent, même en cas de condamnation, les procès durent si longtemps que les faits arrivent à prescription. Il reste vraiment beaucoup à faire dans ce domaine, également de notre part.
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Les vols d’œuvres d’art diminueraient en Italie
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°85 du 11 juin 1999, avec le titre suivant : Les vols d’œuvres d’art diminueraient en Italie