Annoncé au printemps 2023, le retour des États-Unis au sein de l’Unesco a été voté après deux jours d’une session extraordinaire perturbée par les interventions de la Russie.
Paris. Les 193 pays membres de l’Unesco étaient appelés à se prononcer en juin lors d’une session extraordinaire de la Conférence générale sur une résolution permettant le retour des États-Unis au sein de l’Organisation sous condition, à savoir le paiement des arriérés, lesquels dépassent la somme de 600 millions de dollars (550 M€). Le plan financier présenté aux pays membres détaillait le calendrier des paiements avec des points d’étape en 2024 et 2025 : il avait recueilli le soutien de 105 pays, un signe encourageant pour les États-Unis qui étaient le principal contributeur au budget de l’Unesco avant 2011 [lire le JdA no 609, 14 avril 2023]. C’est le Japon qui a mis au point ce plan financier, et son ambassadeur à l’Unesco a rappelé le 30 juin que « le retour des États-Unis est nécessaire pour renforcer le rôle diplomatique de l’Unesco », ajoutant qu’il s’agissait d’une « occasion historique pour l’Organisation de redevenir un phare de l’universalisme ».
Alors que la majorité des États soutenait la résolution, la délégation de Russie a multiplié les obstructions et les points de désaccord sur des aspects techniques. Tout en déclarant ne pas être opposée au retour des États-Unis, elle a insisté sur l’importance du respect des règles, et a fait part de ses craintes devant « un climat d’exception depuis le 12 juin », date à laquelle Audrey Azoulay, directrice générale, a apporté une réponse positive à la demande officielle des États-Unis de soumettre au vote leur retour à l’Unesco. Malgré les réponses du conseiller juridique de l’Unesco, la Russie a poursuivi en déclarant que « la réputation de l’Unesco est en jeu dans cette affaire », et a dénoncé « une situation absurde qui tord le bras des États membres ». Là où le Japon expliquait qu’il n’y avait pas de « deux poids, deux mesures » dans cette résolution, la Russie a constaté « la création d’un précédent dangereux, et d’un régime de privilèges ». Le principal point de désaccord portait sur la mention de « circonstances indépendantes de la volonté des États-Unis » pour justifier les arriérés : comme la Russie, la Palestine a souligné que rien n’indiquait que ces circonstances aient été constatées de bonne foi.
Sans surprise, les interventions de la Russie ont été soutenues par la Corée du Nord, la Palestine, l’Iran, la Chine et la Biélorussie. L’Iran a ainsi dénoncé« une violation de l’esprit de la constitution de l’Unesco » à propos de certains aspects techniques de la résolution. La Palestine a soulevé plusieurs points de procédure, mais a surtout tenté de faire passer un amendement au sujet de la loi américaine sur les groupes terroristes, à l’origine du départ des États-Unis de l’Unesco en 2019. Cet amendement a été rejeté, car il interférait avec la politique intérieure des États-Unis. Toujours dans le registre des manœuvres dilatoires, la Chine a insisté pour que chaque paragraphe de la résolution soit voté individuellement, et Russie et Biélorussie ont réclamé un vote à tour de rôle des membres, au lieu d’un vote à main levée plus rapide. Au final, la résolution a été adoptée le 30 juin par 132 pays, et rejetée par dix dont la Corée du Nord, la Russie, la Syrie, le Nicaragua, la Palestine et la Chine. Audrey Azoulay, la directrice générale, s’est félicitée de ce vote, qui illustre « une victoire du multilatéralisme ».
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Les États-Unis réintègrent l’Unesco
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°615 du 7 juillet 2023, avec le titre suivant : Les États-Unis réintègrent l’Unesco