Alors que le ministère des Affaires étrangères souhaite faire monter en puissance CulturesFrance en transformant l’institution en agence interministérielle, un sénateur propose de renforcer le rôle du ministère de la Culture. Dans tous les cas, l’action culturelle à l’étranger doit être réformée d’ici à la fin de l’année.
PARIS - Adrien Gouteyron a de la suite dans les idées. Après un rapport de contrôle de la commission des finances du Sénat consacré à l’action culturelle à l’étranger (« Quelles réponses apporter à une diplomatie culturelle en crise ? »), remis en septembre 2008, le sénateur a désormais traduit ses idées en proposition de loi. Deux ans après la création de l’agence CulturesFrance, héritière de l’ancienne Association française d’action artistique (AFAA) – dont l’action avait été fortement critiquée par le Sénat –, Adrien Gouteyron préconise de passer à la vitesse supérieure afin de promouvoir « un véritable renouveau de l’action culturelle française à l’étranger ».
L’idée majeure du texte consiste à faire monter en puissance l’opérateur CulturesFrance en le transformant en véritable agence interministérielle. Si, aujourd’hui, le ministère de la Culture est membre de son conseil d’administration, il ne pèse guère face au Quai d’Orsay sur ses orientations stratégiques, du fait notamment de son faible engagement financier (à hauteur de 2 millions d’euros de subventions, contre 20 millions venant des Affaires étrangères). « Il faut rompre avec le Yalta, conclu contre la volonté d’André Malraux, qui a réservé au ministère de la Culture la culture en France, et au ministère des Affaires étrangères, la culture hors de France, précise Adrien Gouteyron. Il n’est pas imaginable, lorsque l’on note les faiblesses de l’art contemporain sur la scène internationale, d’imaginer de réponse sur le seul sol national, sans y intégrer le réseau culturel à l’étranger. » Issus des centres culturels et des services culturels des ambassades, des bureaux culturels et linguistiques seraient ainsi créés sous l’appellation « Instituts CulturesFrance ».
Ces instituts auraient également la charge de former les conseillers culturels, profession encore largement exercée par les diplomates et dont le rôle devrait être redéfini. Si Olivier Poivre d’Arvor, directeur de CulturesFrance, se dit satisfait de voir le rôle de l’agence ainsi reconnu, il plaide toutefois en faveur du Quai d’Orsay. « Un réseau international d’une telle ampleur ne s’installe pas du jour au lendemain, souligne-t-il, surtout dans le contexte budgétaire actuel. » La proposition de loi s’appuie en réalité sur une vision différente de celle du Quai d’Orsay. Depuis janvier, ce ministère prépare en effet, avec l’appui de CulturesFrance, la création d’une nouvelle agence, dont les contours devraient être présentés à la fin du mois de mars par Bernard Kouchner. Cette structure devrait s’appuyer sur les compétences et les ressources financières de deux autres agences, Egide, opérateur de la politique de mobilité pour les étudiants et les chercheurs, et Campus France, agence nationale pour la promotion de l’enseignement supérieur français à l’étranger. Dans cette configuration, le ministère de la Culture et son modeste budget (17,4 millions d’euros consacrés à l’action européenne et internationale) resteront peu influents. Dans tous les cas, l’action culturelle à l’étranger devrait être réformée d’ici à la fin de l’année. La France consacre en effet 375 millions d’euros à son réseau culturel à l’étranger alors que le British Council – modèle britannique toujours vanté – ne coûte que 230 millions d’euros à la collectivité.
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Le Quai d'Orsay défié
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°299 du 20 mars 2009, avec le titre suivant : Le Quai d'Orsay défié