Réforme

CulturesFrance, un début

Par Roxana Azimi · Le Journal des Arts

Le 26 mai 2006 - 615 mots

Le ministre des Affaires étrangères a annoncé le 15 mai la création d’une agence culturelle succèdant à l’AFAA.

PARIS - Promise par Jacques Chirac en 2002, l’agence culturelle française a longtemps fait figure de serpent de mer. Le ministre des Affaires étrangères, Philippe Douste-Blazy, en a finalement annoncé la création le 15 mai. L’agence ne montre toutefois que le petit doigt. Baptisée CulturesFrance, cette structure regroupe l’Association française d’action artistique (AFAA) et l’Association pour la diffusion de la pensée française (ADPF), qui ont fusionné le 28 avril. Effectuée sans licenciements, cette union avait été suggérée par un rapport remis en décembre 2005 par Jacques Blot, ancien ambassadeur et président depuis quelques semaines de l’AFAA. À cela se greffe une partie de la Direction générale de la coopération internationale et du développement (DGCID). Ce noyau forme une association de préfiguration en vue de la constitution d’un établissement public industriel et commercial (EPIC). Son budget actuel, d’environ 30 millions d’euros, pourrait être augmenté par des financements des collectivités locales, de fonds européens et de partenaires privés.

Réseau des centres culturels
À ce stade, l’initiative évoque plus une rationalisation de l’organigramme qu’une révolution au palais. Prochainement transformée en fondation, l’Alliance française n’a pas été intégrée au périmètre de CulturesFrance, ni même associée à la réflexion. Créées par des personnalités du cru en vertu du droit local, les 1 074 Alliances ne relèvent pas du même régime que le reste du réseau, directement affilié au ministère des Affaires étrangères.
« La formule des alliances épouse les évolutions actuelles et le partenariat avec la société civile, insiste Alain Marquer, directeur des relations internationales à l’Alliance française. Dans une formule de droit local, on peut trouver des financements qui seraient autrement impossibles, car les gens sont réticents à donner de l’argent à un gouvernement. » Alain Marquer et Jean-Claude Jacq, secrétaire général de l’Alliance, ne cachent pas leur rêve d’une unification du réseau sur ce modèle, option proche de celle de nos voisins. « Les problèmes soulevés par cette approche sont cependant considérables : inadaptation des structures parisiennes de l’Alliance, complète autonomie des Alliances locales, difficulté d’absorber massivement le réseau et les personnels des établissements, recomposition des services culturels, garanties dans les pays exposés…, égrène Jacques Blot dans son rapport. Sans parler de la définition des rapports entre puissance publique et opérateur doté d’un statut de fondation. Sans l’exclure pour l’avenir, cette option ne paraît pas réalisable dans le court terme. » Faute d’une intégration ou d’un remodelage, l’Alliance française craint à long terme une OPA sur son nom.
Le rapport Blot émet aussi des réserves quant au rattachement immédiat du réseau des centres
culturels à l’agence. Il serait déjà souhaitable d’harmoniser sous un seul vocable les centres culturels et les instituts français ! Quoi qu’il en soit, CulturesFrance n’en est qu’à ses prémices. « Le réseau sera intégré dans un second temps. J’aimerais qu’il y ait une signature sur l’ensemble du réseau culturel français, précise Philippe Douste-Blazy. Notre pays ne peut se permettre le luxe d’être dilué dans sa visibilité et sa lisibilité. »

Une batterie d’agences

Le ministre des Affaires étrangères, Philippe Douste-Blazy, a aussi annoncé le 15 mai différentes mesures en faveur de l’éducation et de la solidarité. La relance de constructions de lycées français à l’étranger, sur une idée de partenariat public-privé, est à l’ordre du jour. Six opérations vont démarrer à Dakar, à Moscou, à Munich, à Londres, à Tokyo et au Caire. Par ailleurs, une agence baptisée France Campus pour la mobilité universitaire et l’accueil des étudiants étrangers est aussi dans les tuyaux. Une ambition qui pourrait s’entrechoquer avec le projet de loi sur l’immigration. La France peut-elle se cadenasser tout en briguant un rayonnement international ?

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°238 du 26 mai 2006, avec le titre suivant : CulturesFrance, un début

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