PARIS
Le Musée des arts et civilisations d’Afrique, d’Asie, d’Océanie et des Amériques incarne plus que tout la passion et la volonté de l’ancien Président.
Paris. En hommage à Jacques Chirac, l’accès au Musée du quai Branly est gratuit jusqu’au 11 octobre prochain. Une initiative appropriée pour un musée qu’il a voulu « bien au-delà de sa passion personnelle », souligne Stéphane Martin, son président. Le programme culturel du candidat RPR à la présidence de la République de 1995 ne comporte pourtant aucune trace d’un projet de musée. Au contraire, l’ambiance est à la critique du coût des grands travaux de François Mitterrand.
Quand un mois et demi à peine après son élection Jacques Chirac confie au collectionneur et antiquaire Jacques Kerchache et à Stéphane Martin, alors directeur de cabinet du ministre de la Culture, Philippe Douste-Blazy, une mission sur la place des arts premiers dans les musées français, il n’est question que de réfléchir à la création d’un département des Arts Premiers au Louvre. La rencontre, quelque temps plus tôt, de Jacques Chirac, encore maire de Paris, avec le marchand, auteur d’un manifeste « Les arts naissent tous libres et égaux » dans Libération, n’y est pas étranger, pas plus que l’exposition consacrée à l’art Taïno que ce dernier a signé au Petit Palais. Le chef de l’État partage avec Jacques Kerchache cette conviction que « les arts non européens n’ont rien d’exotique et de pittoresque. Ce sont des arts à part entière. »
« L’idée de la création d’un département des Arts Premiers au Louvre a pris la forme du pavillon des Sessions qui n’est pas vraiment un département, puis, une fois ce pavillon en route, a émergé le projet de réaliser une grande institution qui réunirait l’ensemble des collections ethnographiques appartenant à l’État et qui ne fonctionnerait pas seulement comme un musée ethnographique », rappelle Stéphane Martin. La bataille pour les mener à bien l’un et l’autre a été rude. Les oppositions ont été vives, les polémiques multiples, que ce soit au Musée de l’homme, au Musée national des arts d’Afrique et d’Océanie, ou au Musée du Louvre, et le soutien de Claude Lévi-Strauss a été précieux.
Choix du site du quai Branly, lancement d’un concours d’architecture gagné par Jean Nouvel, inauguration en 2000 du pavillon des Session, puis du Musée du quai Branly, le 20 juin 2006 : l’affaire est rondement menée. « Jacques Chirac avait une vision extrêmement politique du musée », relève Stéphane Martin. Son discours d’inauguration du musée l’exprime clairement : « En montrant une autre manière d’agir et de penser, d’autres relations avec des êtres, d’autres rapports aux modes, le Musée du quai Branly proclame qu’aucun peuple, aucune nation, aucune civilisation n’épuise ni ne résume le génie humain. Et c’est seulement dans leurs expositions sans cesse renouvelées que s’entrevoit l’universel qui nous rassemble. » Le public est conquis. Depuis son ouverture, le musée, rebaptisé en 2016 Musée du quai Branly-Jacques Chirac, accueille chaque année entre 1,15 et 1,5 million de visiteurs. Jacques Chirac compta parmi ses plus fidèles. « Quand il a quitté ses fonctions officielles de Président en 2007, il est venu voir la quasi-totalité des expositions temporaires. En général, il venait le lundi, jour de fermeture avec son fils Martin, accompagné aussi de sa fille et de sa femme. Le samedi ou le dimanche, il y restait déjeuner », raconte Stéphane Martin.
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Le Quai Branly, son grand œuvre
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°530 du 4 octobre 2019, avec le titre suivant : Le Quai Branly, son grand œuvre