Un projet de loi actuellement à l’examen au Sénat souhaite durcir le Code pénal pour sanctionner ceux qui vandalisent le patrimoine culturel.
Italie. Les militants écologistes en font voir de toutes les couleurs au gouvernement italien. Leurs attaques visant le patrimoine culturel pour sensibiliser l’opinion publique à la protection du climat se sont multipliées. Dernière opération en date, celle menée à Rome début avril par trois militants de l’organisation Last Generation qui ont noirci l’eau de la fontaine Barcaccia, chef-d’œuvre baroque du XVIIe siècle situé au pied de l’escalier de l’église Trinité-des-Monts [voir ill]. Quelques mois auparavant, la façade du Sénat et celle du Palazzo Vecchio à Florence avaient été souillées d’une peinture orange tandis que la vitre protégeant une toile de Vincent van Gogh essuyait le jet vert d’une soupe lors d’une exposition au Palazzo Bonaparte. « Nous ne laisserons pas faire les écolo-vandales ! », a tonné le ministre de la Culture, Gennaro Sangiuliano, en annonçant un durcissement des mesures pour tenter d’enrayer ce phénomène.
Un projet de loi a ainsi été déposé au Sénat pour « renforcer davantage la protection du patrimoine culturel, en anticipant le seuil de sanction » afin de « répondre à un choix délibéré de comportement criminel ». Il vise à pallier les lacunes de l’article 635 du Code pénal qui prévoit déjà des peines à l’encontre de ceux qui détruisent ou détériorent le patrimoine artistique ou culturel. Rien n’est pourtant envisagé concernant les dommages temporaires qui lui sont infligés. Leurs auteurs écoperaient ainsi d’amendes pouvant aller jusqu’à 1 500 euros et une peine d’emprisonnement d’un an maximum sera prononcée contre ceux qui seront arrêtés en flagrant délit.
« Ceux qui vandalisent notre patrimoine culturel ne peuvent pas s’en tirer à bon compte et doivent être sévèrement punis », insiste Gennaro Sangiuliano pour justifier un décret adopté au début du mois d’avril par son gouvernement. Il va encore plus loin que le projet en cours d’examen au Sénat. Chaque action de « vandalisme culturel » sera ainsi immédiatement passible d’une amende de 20 000 à 60 000 euros indépendamment de la procédure pénale qu’elle engendrera. La somme sera destinée au ministère de la Culture et servira à restaurer le bien culturel concerné. « On ne doit pas oublier les dommages économiques infligés à la communauté, renchérit Gennaro Sangiuliano. Les opérations de nettoyage ou de restauration sont coûteuses et ceux qui commettent ces actes à l’encontre de nos monuments ou de nos chefs-d’œuvre doivent assumer une responsabilité patrimoniale. »
Le groupe Last Generation dénonce « une attitude répressive excessive à l’encontre de méthodes de désobéissance civile non violentes qui n’ont détruit aucune œuvre d’art. » Bien que le patrimoine de sa ville ait été la cible de telles méthodes, le maire de Florence déplore « ce tour de vis sécuritaire » du gouvernement Meloni. « Il existe déjà des sanctions à l’encontre de ceux qui s’attaquent aux biens culturels, rappelle Dario Nardella. Il convient plutôt de les convaincre de renoncer à ce type de protestation qui finit par devenir un boomerang pour leur bataille légitime pour le climat. »
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Le gouvernement Meloni déclare la guerre aux écolo-vandales
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°610 du 28 avril 2023, avec le titre suivant : Le gouvernement Meloni déclare la guerre aux écolo-vandales