Brexit - Royaume-Uni

L’Arts Council England alerte sur les conséquences d’un Brexit dur

EUROPE

L’agence invite le secteur artistique à se préparer à un « soft » Brexit, mais aussi au scénario de plus en plus probable d’une sortie « sèche ».

Le V&A risque de rencontrer des difficultés avec le Brexit pour ses employés non britanniques
Le V&A risque de rencontrer des difficultés avec le Brexit pour ses employés non britanniques
© Photo : V&A

Londres. Face à l’incapacité des députés britanniques à décider de la manière de sortir leur pays de l’Union européenne (UE), le scénario d’un Royaume-Uni, qui n’est plus membre de l’organisation européenne après le 30 mars 2019 est de plus en plus probable. Pour aider le secteur artistique à se préparer au Brexit, Arts Council England, l’entité de gestion du financement de l’art en Angleterre, a publié le 22 janvier un guide de sept pages à destination « des arts, des musées et des bibliothèques ».

La première partie de la note concerne tous les scénarios du Brexit, notamment celui d’une sortie négociée avec période de transition. Les auteurs rappellent que l’accès aux subventions européennes sera fermé après la période de transition, prévue jusqu’au 31 décembre 2020 pour négocier les changements législatifs de la future relation entre Londres et Bruxelles et permettre la mise en place de leurs conséquences concrètes. Par ailleurs, les musées et organisations britanniques qui exporteront vers l’UE « certains biens culturels, tels que les meubles et objets d’ameublement, (..) des cartes géographiques imprimées », devront présenter « une autorisation d’exportation ».

Ces nouvelles modalités ne devraient pas affecter les grandes maisons de ventes. Comme l’a indiqué Christie’s au Journal des Arts, « les mécanismes et les processus d’envoi et d’imposition pour les consignataires et les acheteurs de pays non-membres de l’UE sont déjà régulièrement utilisés et sont en place ». L’opérateur a par ailleurs mis en place l’année dernière un comité pour anticiper les changements liés au Brexit.

Le principal souci des responsables artistiques britanniques réside dans le changement du régime migratoire. Si les citoyens européens déjà installés au Royaume-Uni sont assurés de pouvoir y demeurer, le gouvernement mettra fin à la liberté de mouvement des individus et appliquera des critères d’immigration stricts. Seuls seront pris en considération les postulants avec un salaire promis supérieur à 30 000 livres sterling (€34 000) – un montant plancher qui pourrait cependant être abaissé lors des prochains mois. Cette modification majeure concerne typiquement les grandes institutions comme le V&A. « Nous avons 171 employés citoyens de l’UE, dont la majorité accueillent les visiteurs, mais aussi à des postes de commissariat d’exposition, à la conservation, l’administration, etc., » avait expliqué au JdA en novembre dernier son directeur Tristram Hunt. Il s’était d’ailleurs dit inquiet que le Brexit « dissuade les gens de venir s’installer avec leur famille au Royaume-Uni ».

Brexit « dur »

La seconde partie des recommandations d’Arts Council England, et sans doute la plus préoccupante, concerne le scénario d’un « hard » Brexit (« dur »), sans qu’aucun accord n’ait été signé entre le Royaume-Uni et les vingt-sept pays membres de l’UE. En effet, sans accord, il n’y aura pas de période de transition. De nombreuses règles actuelles deviendront caduques sans avoir été remplacées. Ainsi, le paiement de la TVA par les entreprises et tout simplement l’ensemble du système de TVA pourraient être modifiés. Les droits britanniques de propriété intellectuelle ne seront sans doute plus valides au sein de l’UE.

Le transport des biens et des personnes devrait être fortement perturbés. Le rapport prévient que « les hypothèses du gouvernement indiquent qu’il y aura une réduction de l’accès au détroit entre Douvres et Folkestone pendant jusqu’à six mois ». Cela pourrait affecter « les expositions, la production et les performances artistiques dans les pays de l’UE ». Les organisations doivent également « évaluer l’impact des biens ou des objets retardés aux frontières », notamment en matière de coûts. Les autorités estiment que le nombre de déclarations à la frontière sera multiplié par cinq.

Là encore, les entreprises internationales, plus organisées, sont les moins à même d’être affectées que ce soit par ces évolutions ou le retournement d’humeur du marché. « Pour les galeries internationales de notre type, nos clients sont mondiaux et l’incertitude liée Brexit n’a donc pour le moment pas eu d’impact sur notre activité », assure ainsi Elliot McDonald, le directeur de la Pace Gallery. Il n’est pas certain que tout le monde de l’art britannique partage cet optimisme.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°516 du 1 février 2019, avec le titre suivant : L’Arts Council England alerte sur les conséquences d’un Brexit dur

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