La ministre a présenté une ambitieuse stratégie pour le secteur, mais les moyens budgétaires et réglementaires nécessaires à sa mise en œuvre sont incertains.
Paris. « Qualité » : le mantra du bureau chargé de l’architecture, au sein de la direction générale des Patrimoines et de l’Architecture du ministère de la Culture, était bien présent dans le discours prononcé par Rachida Dati, le 4 février. À l’occasion de la remise du Grand Prix national de l’architecture à l’Atelier Architecture Perraudin, la ministre présentait une stratégie nationale 2025-2029, aboutissement d’un travail lancé par Rima Abdul Malak à la fin de l’année 2023 en réponse à la crise traversée par les écoles d’architecture.
Le Conseil national de l’ordre des architectes a accueilli favorablement les nouvelles orientations fixées, qui visent donc à faire de la « qualité architecturale » un enjeu pour toutes les interventions sur le bâti, mais aussi à « re-territorialiser » la profession : « des déserts architecturaux apparaissent, des agences ne trouvent pas de repreneurs», soulignait Rachida Dati.
L’accompagnement des élus, à travers une assistance à maîtrise d’ouvrage, est l’une des propositions fortes, et se traduit pour l’heure par un doublement des heures de vacation des architectes conseils de l’État. Mais pour le reste, la question des moyens concrets pour mettre en œuvre cette stratégie demeure floue : tout juste est-il promis que les unités départementales de l’architecture et du patrimoine (Udap) devront disposer de deux architectes (dont l’ABF, architecte des Bâtiments de France), un engagement minimal (et sans précision d’échéance)pour le seul service public de l’architecture. La question du surcoût qu’engendrerait l’intervention d’architectes dans les chantiers de rénovation énergétique est ainsi un angle mort préoccupant, dans le contexte budgétaire tendu des collectivités locales.
Sans annonce concernant le travail réglementaire à mener (sur les différences qui existent entre réhabilitation et construction dans la loi, par exemple) ni de dispositif incitatif, cette stratégie apparaît pour l’heure seulement comme un cap. Il en va de même pour les écoles d’architecture, au cœur du discours de la ministre : cette dernière fixe l’objectif de 20 % d’étudiants supplémentaires en dix ans (soit 4 000 étudiants), et annonce une réflexion bienvenue sur les rythmes de travail tout comme sur l’ouverture sociale (programme Égalité des chances, Cordées de la réussite…) dans les Écoles nationales supérieures d’architecture (Ensa). Mais les travaux d’extension des écoles, comme la multiplication sur le territoire d’antennes destinées à accueillir ces étudiants, sont à l’état embryonnaire. Le recours généralisé à l’apprentissage, expérimenté par les Ensa de Paris-Est et Marseille, est le chantier le plus immédiat : le ministère travaille à une charte d’accueil des étudiants ainsi qu’à une réflexion sur les modalités pédagogiques de l’apprentissage.
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La « stratégie nationale pour l’architecture » ? Un cap sans moyens
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°649 du 14 février 2025, avec le titre suivant : Pour l’architecture, un cap sans moyens