NEW YORK (ETATS-UNIS) [07.11.13] - Des artistes de rue poursuivent en justice un promoteur immobilier qui veut détruire le site célèbre de 5 Pointz pour y construire des appartements de luxe.
Depuis 2002, une ancienne usine dans le quartier de Long Island City à Queens se couvre d’œuvres murales choisies par Jonathan Cohen, connu sous le nom de tag Meres One. Situé de l’autre côté de la rue du MoMA PS1 et mesurant plus de 18 500 mètres carrés, le site de 5 Pointz a attiré des « street artists » tant américains qu’internationaux et figure dans plusieurs guides touristiques. Le propriétaire du bâtiment, Gerald Wolkoff, a permis jusqu’à présent à Jonathan Cohen de diriger le lieu à condition d’exclure des sujets pornographiques ou politiques, et l’endroit est devenu, comme le proclame son site web, « la Mecque du graffiti ». Mais aujourd’hui Gerald Wolkoff veut raser l’usine pour construire un immeuble de luxe de deux tours, un projet que le conseil municipal a déjà approuvé.
Jonathan Cohen et quinze autres artistes se sont mobilisés et poursuivent Gerald Wolkoff en justice, en invoquant une loi fédérale, le « Visual Artists Rights Act » (VARA), qui protège les œuvres d’art et garantit les droits moraux de leurs créateurs. Ils affirment que le propriétaire n’a pas le droit de détruire l’usine car cela entraînerait la destruction de leurs œuvres, tandis que celui-ci maintient que les œuvres sont temporaires et que le VARA ne s’applique donc pas.
Le 6 novembre les plaignants et le défendeur ont été entendus par le juge Frederic Block de la Cour fédérale des Etats-Unis pour le district est de New York. L’avocat du défendeur, David Ebert, a fait remarquer qu’un millier d’œuvres d’art apparaissent et disparaissent aux murs de 5 Pointz tous les ans. Mais Jonathan Cohen a souligné que les œuvres ne sont pas toutes égales, car il les classe dans trois catégories au moment de leur création : temporaires à court terme, temporaires à moyen terme ou permanentes. Dans leur action, les plaignants citent 24 œuvres permanentes qu’ils ont créées.
Après avoir rappelé que le tribunal devra déterminer si ces œuvres d’art sont d’une « importance reconnue » pour l’application de la loi, le juge a exprimé son intérêt pour les œuvres, notamment pour Drunken Bulbs de Meres One, qui représente des ampoules ivres aux visages loufoques : « Personnellement j’aime ceci, mais mon opinion n’est pas le critère ».
Dans cette nouvelle audience, qui se poursuit le 7 et 8 novembre, les plaignants cherchent à obtenir une injonction permanente qui empêcherait le défendeur de modifier le site avant la décision du tribunal sur l’affaire. Les plaignants auront une tâche difficile, car les artistes de rue acceptent généralement la destruction éventuelle de leurs œuvres. Le juge Frederic Block a déjà constaté que « ces œuvres [à 5 Pointz] ne sont guère permanentes, puisqu’elles peuvent être changées ».
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La « Mecque du graffiti » menacée de destruction à New York
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