La création d’un groupement d’intérêt public (GIP) pour la préfiguration de MansA-Maison des mondes africains a été annoncée officiellement début mai après plus de deux ans d’atermoiements.
Afrique. Dans le rapport remis à Emmanuel Macron en octobre 2021, l’universitaire camerounais Achille Mbembe avait relancé l’idée d’ouvrir en France un lieu culturel dédié à l’Afrique. Mbembe préconisait d’inventer « une nouvelle anthropologie des relations » pour en finir avec l’esprit « Françafrique ». Culture ou diplomatie, quelle devait être l’orientation de cette maison ? Il semble que la balance penche vers la diplomatie culturelle, au vu des tutelles. Outre le le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères (MEAE), les tutelles du GIP sont les ministères de la Culture, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, de l’Éducation nationale et de la Jeunesse, et de l’Économie et des Finances. Emmanuel Macron a par ailleurs soutenu la création de MansA.
Il a fallu deux ans et demi pour trouver la forme que devait prendre MansA, nouveau nom d’un projet qui en a changé plusieurs fois. Un rapport remis à Emmanuel Macron en mars 2022 par la journaliste franco-sénégalaise Élisabeth Gomis (ex-membre du Conseil présidentiel pour l’Afrique), et le diplomate Luc Briard pointait des obstacles à la création de MansA, telles les difficultés à redéfinir les relations entre les institutions françaises et le continent africain.À l’initiative d’Élisabeth Gomis, le Forum Création Africa s’est tenu à la Gaîté Lyrique en octobre 2023 pour donner un aperçu de ces nouvelles relations dans le domaine culturel, toujours sous la tutelle du ministère de la Culture et du MEAE. Avec la constitution du GIP, le projet prend forme, parrainé par des poids lourds institutionnels. Dans le collège des membres fondateurs se trouvent en effet l’Institut français (opérateur du MEAE), l’Agence française de développement (AFD) (opérateur de Bercy et du MEAE), le Centre Pompidou, la Banque publique d’investissement (BIP) et France Volontaires (opérateur du MEAE). Ces membres reflètent le poids de l’État dans le projet, notamment des acteurs habituels de la coopération et du développement : il n’y a cependant aucun membre africain, ce qui renforce l’impression que le soft power français prime sur les relations bilatérales. D’où la présence de l’AFD, pour son expertise sur le continent africain, bien qu’elle s’occupe peu de projets culturels.
Côté culturel, on note la présence du Centre Pompidou qui n’est pas connu pour son expertise africaine : d’autres musées ont un meilleur réseau sur le continent, comme le Musée du quai Branly. Interrogé par le Journal des Arts, celui-ci répond avoir été « consulté à différentes étapes du projet », notamment dans des discussions avec le MEAE, sans donner d’explications sur son absence dans le GIP. L’orientation « arts visuels et arts vivants » de MansA pourrait expliquer la présence du Centre Pompidou : la convention de constitution cite parmi les missions du GIP l’élaboration d’une programmation « pluridisciplinaire ».
Le choix du GIP comme structure s’explique par la présence d’acteurs publics et privés, mais il est complexe à mettre en œuvre. D’autres musées ont pourtant choisi de se constituer en GIP dans leur phase de préfiguration, comme le Musée mémorial du terrorisme de Suresnes (MMT). On note que le GIP de MansA ne dispose d’aucun capital et que ses ressources dépendront essentiellement des contributions des membres, dans un contexte d’austérité budgétaire. Élisabeth Gomis précise au JdA que « le budget fait encore l’objet d’ajustements et sera voté lors de l’assemblée générale de juin ». Elle ajoute que sauf accident, elle devrait être désignée « directrice du GIP » pour une durée de quatre ans renouvelable. Reste la question du lieu choisi pour héberger MansA dans Paris : des rumeurs évoquent l’actuel siège de la Fondation Cartier, boulevard Raspail, ou une aile de l’hôtel de la Monnaie, mais Élisabeth Gomis ne souhaite pas les commenter.
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La Maison des mondes africains franchit une étape en se constituant en GIP
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°635 du 7 juin 2024, avec le titre suivant : La Maison des mondes africains franchit une étape en se constituant en GIP