ARLES
La structure de style Eiffel à Arles ne sera pas démolie mais déplacée. Le lieu où elle sera remontée pose toujours question.
Arles. Une décision a été prise concernant la « halle Lustucru ». Cette ossature métallique qui fut le vaisseau principal du « Grand Palais » de l’Exposition coloniale de Marseille en 1906, avant d’être déplacée à Arles vers 1951 pour servir de hangar agricole (notamment pour Lustucru), sera démontée une nouvelle fois. C’est ce qu’a annoncé la ministre de la Culture, Françoise Nyssen, le 10 janvier.
Depuis plusieurs mois, le devenir de cette halle, installée au cœur d’un terrain devenu friche depuis des inondations en 2003, inquiétait des défenseurs du patrimoine. La Mairie d’Arles avait choisi en 2016 de céder la friche au groupe Frey pour y bâtir un centre commercial. À l’été 2017, une note émanant de la direction de l’aménagement du territoire de la Ville d’Arles indiquait que la Ville donnait le feu vert pour démolir la halle, entre autres bâtiments. En novembre, le collectif de défense de la cathédrale d’acier se formait autour d’un projet de sauvegarde de la halle, réclamant non sa conservation in situ mais son déménagement.
« On ne voulait pas que le groupe Frey se désengage du projet de centre commercial créateur de 200 emplois, on nous aurait accusés d’aller contre le dynamisme du territoire », explique un représentant du collectif. La ministre de la Culture, Arlésienne d’adoption, est interpellée. Et une pétition est lancée, largement relayée par les médias. Car cette halle « constitue un objet patrimonial d’autant plus précieux qu’il est rare » et « témoigne d’une étape marquante de l’histoire de la construction métallique », selon une étude de 2010 de la direction régionale des Affaires culturelles (Drac) Provence-Alpes-Côte d’Azur.
Si elle n’est pas protégée au titre des monuments historiques, la halle a été dotée en 2012 du label « Patrimoine du XXe siècle » (qu’elle a perdu automatiquement en 2016 pour avoir dépassé les cent ans d’existence). Dessinée par Édouard Allar, secrétaire de Gustave Eiffel, elle est conforme au « style Eiffel » mais a la particularité de « témoigner du passage du fer puddlé à l’acier au sein de la Société de construction de Levallois-Perret (ancienne compagnie des établissements Eiffel) ».
La démolition de la halle étant initialement prévue pour 2018, les acteurs (aménageur du centre commercial, Ville, État, Drac) se sont finalement mis d’accord pour un démontage. « Des études ont montré que la structure n’était pas si amiantée, et que les coûts du démontage n’étaient pas aussi élevés que cela avait chiffré à l’origine », explique le collectif de défense. Aussi le groupe Frey - qui de l’avis général a particulièrement joué le jeu - a accepté de procéder au démontage de la halle ; comme l’a annoncé le ministère de la Culture, elle sera déposée sur le site des anciennes papeteries Étienne à Arles pour y être entreposée.
Où sera-t-elle remontée ? Sur ce site même, qui pourrait devenir un « nouveau pôle économique » tourné vers la culture et le patrimoine, comme l’indique le ministère ? À Marseille, dont l’édifice est originaire, comme le souhaiterait plutôt l’adjoint au patrimoine d’Arles ? L’association Sites & Monuments (ancienne SPPEF) a demandé à la ministre de la Culture des garanties afin que la halle ne reste pas en caisses. Car nombreux sont les cas de démontage avec promesses de remontage qui n’ont pas été suivis de faits dans un délai raisonnable. « Quand elle sera remontée, on pourra envisager que ce beau témoignage industriel soit inscrit monument historique », nous a confié la Drac.
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La halle Lustucru démontée
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°493 du 19 janvier 2018, avec le titre suivant : La halle Lustucru démontée