La fondation s’installera, l’an prochain, dans l’ancien Louvre des antiquaires profondément restructuré par l’architecte Jean Nouvel.
Paris. Alain-Dominique Perrin, son président fondateur, l’a rappelé en introduction de la visite de chantier : la Fondation Cartier a été la première en France à promouvoir la création contemporaine en soutenant les artistes. Au cours des quatre dernières décennies, plus de 300 expositions ont été programmées par Marie-Claude Beaud, puis Hervé Chandès et Isabelle Gaudefroy.
Fin 2025, au lendemain de ses quarante ans, la Fondation Cartier quittera son adresse actuelle pour s’installer dans l’ancien Louvre des antiquaires (voir ill.). Jean Nouvel, qui avait conçu son premier écrin de verre boulevard Raspail, est inséparable de cette aventure commencée en 1984 à Jouy-en-Josas. L’architecte a entrepris un remaniement titanesque des espaces du monument classé de la place du Palais Royal, un édifice de 1855 dont n’est conservée que la coquille extérieure.
Empruntant à la technologie des plateaux de salles d’opéra ou de théâtre, voire à celle des porte-avions, l’agence Jean Nouvel signe une réalisation au service d’un dispositif modulable grâce à cinq plateformes motorisées de 250 m² dont le levage est assuré par un système de câbles, chacune pouvant supporter 500 tonnes. Ce choix d’aménagement fait penser aux planchers mobiles superposés de Lafayette Anticipations conçue par OMA, l’agence de Rem Koolhaas – mais ces derniers mesurent 75 m² seulement et fonctionnent selon un système de levage à crémaillère qui ne permet pas de supporter de telles charges. Les cinq plateformes mobiles en acier, réparties sur la longueur, peuvent être positionnées selon onze configurations verticales différentes, du niveau -1 jusqu’au plafond.
Cette architecture qui roule un peu des mécaniques (Pink Floyd à plein volume en bande-son du making off vidéo du chantier) ouvre un nouveau chapitre de l’histoire de la fondation privée, laquelle s’installe au cœur de Paris. Elle y sera désormais la voisine immédiate du ministère de la Culture, des musées du Louvre et des Arts décoratifs et de la Bourse de Commerce-Collection Pinault. Non loin de l’Opéra Garnier, de la Comédie-Française, à quelques minutes du Jeu de Paume et de l’Orangerie. La Fondation Cartier revient ainsi au centre du jeu.
En plus de la modularité de son bâtiment et de sa situation géographique stratégique, le projet met en avant un troisième atout, la transparence : à travers de larges baies vitrées, on pourra en effet voir depuis les deux rues qui le longent l’intérieur de l’édifice, une longue perspective jalonnée de puissantes colonnes de soutien. Cette architecture traversante « à murs ouverts » vise à « projeter la fondation dans le futur », explique Jean Nouvel.
Discrète sur les enjeux écologiques d’une telle construction, la fondation assure cependant que celle-ci est vertueuse : les parties démolies ont été recyclées, et le béton mis en œuvre provient également d’une filière de recyclage. Par ailleurs, le bâtiment bénéficie d’une bonne isolation et une grande partie du programme est en sous-sol, d’où « un très faible ratio enveloppe thermique / volume habité », précise l’agence. La climatisation, indispensable à la conservation des œuvres, est assurée par le réseau urbain Climespace et le chauffage par le CPCU.
Les chiffres sont éloquents : une façade de 150 mètres de long – « à l’instar de celle du Centre Pompidou », souligne Jean Nouvel – 8 500 m 2 accessibles au public, dont 6 500 d’espaces d’exposition, jusqu’à onze mètres de hauteur sous plafond et un budget de travaux, non communiqué, dont le montant atteindrait 240 millions d’euros (selon Le Monde magazine). La Fondation investit un lieu dont elle n’est pas propriétaire. « Il faut faire vivre le patrimoine historique », commente sobrement Jean Nouvel.
Les quatre angles de ce bloc bordé par la rue de Rivoli, la rue Saint-Honoré et la rue de Marengo seront occupés par une librairie, un restaurant, un auditorium de 120 places assises et enfin un espace d’accueil du côté de l’entrée, à l’intersection avec la rue de Valois. L’exposition inaugurale sera une évocation de la collection – riche d’environ 4 500 œuvres conçues par plus de 500 artistes – à partir d’une sélection de quelques centaines de pièces parmi les plus remarquables. À découvrir dans un an.
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La Fondation Cartier au cœur de Paris en 2025
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°642 du 1 novembre 2024, avec le titre suivant : La Fondation Cartier au cœur de Paris en 2025