Accusée de ne pas respecter les dispositions du testament d’Albert C. Barnes, la Fondation Barnes, installée à Merion (Pennsylvanie), est attaquée depuis trois ans devant les tribunaux. Si le litige qui l’opposait au Trust Violette de Mazia semble résolu, la décision d’autoriser l’exposition des Poseuses de Seurat à Philadelphie est contestée (voir Calendrier des Arts, janvier).
NEW YORK - Sous réserve de l’avis conforme du tribunal, un accord vient de régler une partie du litige qui opposait la Fondation Barnes au Trust Violette de Mazia (une fondation éducative financée par la succession d’une protégée de Barnes).
La nouvelle direction de la Fondation Barnes a abandonné son projet de suppression des cours d’histoire de l’art dispensés à Merion. Ces cours, qui se conforment depuis toujours aux directives définies par Barnes, seront désormais financés par une subvention du Trust de Mazia à hauteur de 2,5 millions de dollars (13,5 millions de francs). Le Trust de Mazia a accepté d’abandonner ses investigations sur les conditions dans lesquelles le lucratif contrat de publication du catalogue de l’exposition itinérante "De Cézanne à Matisse, chefs-d’œuvre de la Fondation Barnes" aurait été concédé à la maison d’édition Alfred A. Knopf.
Énormes frais de procédure
Les responsables de la Fondation espèrent ainsi réduire leurs énormes frais de procédure – dont le montant n’a pas encore été publié. Mais des étudiants, résolument hostiles à toute tentative visant à modifier les dispositions du testament Barnes, qui en particulier n’autorise pas les prêts d’œuvres d’art, envisagent de contester l’accord passé entre le trust de Mazia et la Fondation.
La décision de la Fondation de prêter Les Poseuses de Georges Seurat pour l’exposition qui devait s’ouvrir le 31 janvier au Musée de Philadelphie – dernière étape de la "tournée Barnes" – fait l’objet d’un nouveau contentieux juridique. Un juge de Pennsylvanie s’est rangé à l’avis des restaurateurs en concluant que la fragilité du tableau exigeait de le retirer. Les Poseuses n’avaient pas été exposées depuis Paris, en raison de cette fragilité. Interrogé sur les arguments qu’il pourrait opposer à la décision du tribunal, le président de la Fondation Barnes, Richard Glanton, a répondu : "C’est facile : le juge s’est trompé…"
À Philadelphie enfin, une vingtaine de sculptures africaines devaient s’ajouter aux tableaux. Barnes collectionnait l’art africain et a analysé son influence formelle sur les artistes européens. Mais la politique autant que l’esthétique semble avoir dicté cet ajout. À Toronto, l’étape précédente, l’exposition avait été qualifiée de "raciste" parce qu’elle ne comportait aucune pièce africaine.
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La Fondation Barnes toujours à la barre
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°11 du 1 février 1995, avec le titre suivant : La Fondation Barnes toujours à la barre