En mars 1994, le premier numéro du Journal des Arts s’ouvrait sur la préparation de la loi musée – finalement votée en janvier 2002.
Le sujet offrait l’occasion de faire le point sur la « gestion » des musées français, bouleversés par le fort développement des vingt-cinq années précédentes. Une gestion jadis « administrative » cédait le pas à une conception plus « commerciale » du management. Depuis quinze ans, cette notion a fait du chemin. Parallèlement à la diminution des subventions de l’État, les musées ont été priés de développer leurs ressources propres, remettant parfois en cause les principes fondamentaux de la conservation. Ainsi le prêt, jadis consenti à titre gratuit, a-t-il été transformé en entreprise de location d’œuvres. Pour attirer des publics plus nombreux et variés, au nom de la démocratisation culturelle, certains musées se sont lancés dans une course effrénée à l’événementiel, parfois au détriment de leur mission scientifique. On se souvient de ce musée qui n’a pas hésité à fermer ses espaces d’exposition permanente – et ainsi empêcher pendant trois mois l’accès aux collections publiques –, pour accueillir une manifestation temporaire au titre prometteur, gage de rentrées financières supplémentaires. Le paroxysme a été atteint lorsque fut évoquée l’idée d’aliéner une partie des collections publiques, avant que le rapport Rigaud n’y mette heureusement un terme début 2008. En régions, les conservateurs sont soumis aux pressions des élus qui exigent des retombées médiatiques à moyen terme, voire à court terme. Sur la scène des musées nationaux, les grandes institutions parisiennes (le Louvre, Orsay, Guimet, Versailles), en devenant établissements publics à caractère administratif, ont changé la donne. Plus autonomes, ils sont entrés en concurrence directe avec la Réunion des musées nationaux, dont dépendent encore la billetterie et les expositions d’une vingtaine de musées services à compétence nationale. De son côté, la direction des Musées de France, jadis omniprésente, s’est effacée au profit d’une future grande « direction des Patrimoines » proposée dans le cadre de la révision générale des politiques publiques. Les établissements publics se rêvent désormais en institutions « têtes de réseau » et projettent de s’étendre au-delà des frontières. L’ultime étape a été franchie avec le projet du Louvre-Abou Dhabi, vendu à l’émirat en 2007 pour un milliard d’euros et conçu sur le même mode que l’antenne du Guggenheim érigée à Bilbao (lire p. 20).
Art contemporain
1995|Lyon
À l’occasion de la troisième Biennale de Lyon, la municipalité offre à son Musée d’art contemporain un édifice tout en transparence signé Renzo Piano.
Musées californiens
1995-1997| San Francisco, Los Angeles
Le San Francisco Museum of Modern Art prend ses quartiers dans le bâtiment conçu par Mario Botta en 1995. Deux ans plus tard, le Getty Center, imaginé par Richard Meier, est inauguré à Los Angeles après douze ans de travaux.
Arp, Klee & Co sur la rive gauche du Rhin
1998|Strasbourg
Le Musée d’art moderne et contemporain de Strasbourg ouvre ses portes au cœur de la ville et révèle au public des collections européennes datées de 1870 à nos jours.
Le Centre Pompidou voit grand
2000|Paris
Pour le passage au nouveau millénaire, le Centre Pompidou a gagné en superficie, repensé son accrochage – désormais thématique – et a lancé le projet d’une antenne à Metz (Moselle).
Guimet rouvre
2001|Paris
Le Musée national des arts asiatiques, fondé par Émile Guimet en 1889, rouvre ses portes après une rénovation menée par Henri et Bruno Gaudin.
Bain de jouvence
2001|Roubaix
(Nord) Installé dans l’ancienne piscine Art déco de la ville – alors en pleine réhabilitation de ses bâtiments industriels –, le Musée d’art et d’industrie de Roubaix connaît dès son ouverture un succès public et médiatique retentissant.
Moment culte
2001|Düsseldorf
Fondé sur un partenariat public-privé, le Museum Kunst Palast de Düsseldorf se dote d’un nouveau bâtiment en bordure du Rhin. Son ouverture est marquée par l’exposition de Jean-Hubert Martin réunissant des autels représentatifs de diverses religions.
Musées de maîtres
2003|Vic-sur-Seille, Cateau-Cambrésis
Lieu de naissance de deux grandes figures de l’histoire de l’art, les communes de Cateau-Cambrésis (Nord) et Vic-sur-Seille (Moselle) rendent respectivement hommage à Henri Matisse et George de La Tour à travers deux musées, le premier étant entièrement rénové, le second créé pour l’occasion.
Le temple du dessin
2003|Vienne
(Autriche) Après neuf ans de fermeture et 100 millions d’euros de travaux, l’Albertina et sa riche collection d’arts graphiques sont à nouveau accessibles au public.
À l’est du nouveau
2003|Bâle, Munich
Musée, centre de réserves et institut d’histoire de l’art, le Schaulager voit le jour en 2003 à proximité de Bâle. La même année, Munich inaugure sa Pinacothèque d’art moderne, le plus grand musée d’Allemagne.
Ouverture contemporaine
2005|Dunkerque, Vitry-sur-Seine
La France s’enrichit de nouvelles structures dédiées à l’art contemporain : le LAAC (Lieu d’art et action contemporaine) à Dunkerque (Nord) et le Mac/Val (Musée d’art contemporain du Val-de-Marne) à Vitry-sur-Seine, premier du genre en banlieue parisienne.
I love MoMA
2004|New York
Le Museum of Modern Art (MoMA) de New York dévoile son extension sur la 53e Rue avec une collection enrichie.
Contre l’oubli
2005|Paris
Le Mémorial de la Shoah est créé sur le site et dans la continuité du Mémorial du martyr juif inconnu. Historiens et pédagogues animent ce lieu dédié à la mémoire.
Le sacre des arts premiers
2006|Paris
Dix ans après l’ouverture du pavillon des Sessions au Louvre, le président de la République inaugure le Musée du quai Branly, vaste musée des cultures du monde conçu par Jean Nouvel pour 290 millions d’euros.
Des inaugurations très attendues
2006|Paris
Longs et laborieux, les chantiers de rénovation de deux grandes institutions parisiennes sont enfin achevés : Les Arts décoratifs et le Musée de l’Orangerie, lequel rend aux Nymphéas de Monet leur lumière originelle.
L’Histoire qu’il reste à écrire
2007|Paris
Malgré des budgets revus à la baisse, une polémique autour de son implantation (l’ancien Palais des colonies) et l’absence d’inauguration officielle, la Cité nationale de l’histoire de l’immigration ouvre ses portes.
Fabre transformé
2007|Montpellier
Rénové en profondeur, le Musée Fabre s’ouvre sur la ville et s’engage dans une politique dynamique d’expositions.
Le Prado s’agrandit
2007|Madrid
Les Madrilènes découvrent un Musée du Prado modernisé par Rafael Moneo.
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La fin des utopies
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1997|Fin des travaux d’agrandissement et de rénovation du Palais des beaux-arts de Lille.
2005|Réouverture du Musée d’art asiatique Cernuschi et du Petit Palais, deux musées de la Ville de Paris.
2005|Le Reina SofÁa, à Madrid, dévoile son extension signée Jean Nouvel.
2008|Le Qatar inaugure son Musée d’art islamique à Doha.
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°300 du 3 avril 2009, avec le titre suivant : La fin des utopies