Tourisme

La culture, un filon économique pour la ville

Par Christine Coste · L'ŒIL

Le 28 juin 2012 - 582 mots

NANTES

La métropole ligérienne est devenue un modèle. Son cluster culturel permet une valorisation touristique en dotant la ville d’une identité créatrice forte.

Il est de tous les colloques sur l’attractivité des territoires ou le développement économique par la culture, Jean Blaise. Ce proche du maire de Nantes Jean-Marc Ayrault, nommé Premier Ministre en mai dernier, forme avec ce dernier un tandem fidèle depuis une vingtaine d’années. Un tandem qui a su propulser les arts sur le devant de la scène de cette cité ligérienne et en faire un filon économique. Car au fil des ans, Nantes a multiplié les équipements et les événements culturels : le Lieu Unique, ce centre pluridisciplinaire dédié au spectacle vivant et aux arts plastiques implanté dans une ancienne usine, que Jean Blaise lui-même a longtemps dirigé ; le festival de musique classique la Folle Journée, que son créateur René Martin a exporté de par le monde ; le château des ducs de Bretagne transformé en musée ; l’accueil de Royal de Luxe puis des Machines de l’île, au sein d’un quartier dédié à l’art avec, à proximité, une galerie d’exposition et une salle de musiques actuelles ; une biennale d’art contemporain, Estuaire, reliant Nantes à Saint-Nazaire et générant vingt-deux œuvres pérennes le long de la Loire ; etc.   On a alors réalisé que, sans avoir le Guggenheim de Bilbao ou Pompidou-Metz, on pouvait mettre tout cela en musique et engendrer une offre touristique avec une politique volontariste  , souligne Jean Blaise qui, pour ce faire, a imaginé ce   Voyage à Nantes   reliant divers sites culturels majeurs de la ville.

Près de 56 millions d’euros de retombées attendus
À la tête d’une équipe de deux cent cinquante personnes, celui à qui l’on doit aussi la première Nuit blanche à Paris chasse donc désormais les CSP (catégories socioprofessionnelles supérieures) dans un rayon de deux heures, en train ou en avion. Autrement dit, en provenance de nombreuses capitales européennes ! Pour les séduire, la société publique locale que Jean Blaise dirige, et qui fédère l’office du tourisme et les principaux sites culturels, bénéficie d’un budget de fonctionnement de trente-trois millions d’euros et d’un budget d’investissement de dix millions, pour financer notamment le prochain délire des Machines de l’île, Le carrousel des mondes marins.

Actuellement, Nantes séduit déjà en juillet-août deux cent mille touristes, dont la moitié sont des excursionnistes. Les retombées générées sont de l’ordre de quarante-six millions d’euros. Grâce au Voyage à Nantes, Jean Blaise espère faire 20 % de plus, soit environ dix millions d’euros supplémentaires. Si notre démarche a été empirique au début, on peut dire que la créativité est devenue une filière économique à part entière depuis cinq ans, d’ailleurs mise en avant désormais par la chambre de commerce et d’industrie.  

Plus intéressant encore, ce cluster culturel, autrement dit ce pôle d’excellence, a éduqué le regard des Nantais, désormais beaucoup plus tolérants à l’égard des audaces créatives. Avoir une démarche artistique hors normes, cela a payé. Nous sommes pris au sérieux, car nous sommes désormais nécessaires à la ville, pas à côté de la ville, poursuit Jean Blaise. Non seulement cela a fait tache d’huile dans les vingt-deux communes de l’estuaire, mais le tissu économique de l’agglomération Nantes-Saint-Nazaire adhère lui aussi. Jamais nous n’avons été autant sollicités par des entreprises qui nous demandent conseil ; dernièrement, c’est un promoteur immobilier qui souhaitait intégrer une œuvre in situ dans un bâtiment. Plutôt bon signe pour le Voyage à Nantes qui bientôt pourra donc intégrer de nouvelles étapes arty...

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°648 du 1 juillet 2012, avec le titre suivant : La culture, un filon économique pour la ville

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