MOSCOU / RUSSIE
La perspective de l’élection présidentielle russe en avril prochain suscite deux expositions aux visées très différentes.
Moscou. Deux expositions collectives attirent l’attention ce mois-ci à Moscou en prenant la politique à bras-le-corps. « Superputin » au nouveau Ultra Modern Art Museum teste la limite entre la flagornerie et la parodie. L’autre, intitulée « Contre tous » à la galerie Vladey, étrille un scrutin absurde.
Derrière « Superputin » se trouve Alexandre Donskoy, ancien maire d’Arkhangelsk poussé hors de la politique par le Kremlin. Recyclé en directeur de musée et auteur de performances choquantes, Donskoy a invité trente jeunes artistes à représenter Poutine sous la forme d’un superhéros : il apparaît déguisé en personnage de Marvel ou chevauchant un ours, harnaché comme Conan le Barbare. Les peintures, installations et sculptures ne sont pas signées. Seul le nom de Marc Popov (26 ans), l’auteur des grandes peintures murales, est dévoilé à qui sollicite le renseignement. « C’est ainsi que les Russes voient Poutine », raconte Donskoy au Journal des Arts. « J’exagère à peine la propagande d’État », explique-t-il. « J’ai demandé à une jeune activiste pro-Poutine de filtrer les œuvres possédant un caractère parodique. » Pas évident de cerner les intentions de Donskoy, mais il confie que « ce n’est pas un projet commercial ». Si le but était de s’attirer les faveurs du pouvoir, c’est raté : les médias ont ignoré l’événement, flairant sans doute la satire derrière le grotesque. « J’ai raté mon coup », admet Donskoy.
Dans une démarche opposée, Vladey a convié trente-six artistes contemporains (dont des sommités comme Ilia Kabakov, Sergueï Bratkov) à se réapproprier le slogan anarchiste « Contre tous ». Ces deux mots étaient inscrits sur une immense bannière accrochée sur le Mausolée de Lénine dans une mémorable performance d’Anatoli Osmolovsky en 1999, l’année où Poutine s’est emparé du pouvoir. Aujourd’hui, « Contre tous » est le slogan de campagne de Ksenia Sobtchak, l’une des candidates factices du scrutin. Commissaire de l’exposition, Osmolovsky a commandé des œuvres provocantes, dont un portrait de Poutine, que l’on avait perdu l’habitude de voir sous un jour peu flatteur. Cette exposition « non-commerciale » confie-t-on chez Vladey, prouve que l’esprit d’insubordination n’a pas quitté la Russie après le départ de Piotr Pavlensky.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
La campagne électorale russe inspire les artistes
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°492 du 4 janvier 2018, avec le titre suivant : La campagne électorale russe inspire les artistes