PARIS - « Au-delà des questions de transports et d’infrastructures, le Grand Paris doit être également un chantier culturel. » C’est par cette exhortation que Nicolas Sarkozy introduisait sa lettre de commande au conseiller d’État Daniel Janicot, d’un rapport sur la dimension culturelle du Grand Paris.
Très attaché au projet de Grand Paris qu’il a lancé il y a plus de quatre ans, le candidat président ne cache pas en privé son agacement devant le manque d’enthousiasme ou l’incapacité de sa majorité à s’emparer de ce projet a priori très fédérateur. Pour l’instant les Franciliens, les premiers concernés, ont vaguement compris qu’il y aurait (en 2025) un grand métro circulaire et que Christian Blanc, le secrétaire d’État chargé du développement de la région capitale (mars 2008 - juillet 2010) avait quitté le gouvernement, victime de son goût immodéré pour les cigares. Faible notoriété mais aussi faible sentiment d’appartenance à une métropole, note le rapport aujourd’hui disponible en téléchargement. D’ailleurs, contrairement au fameux « I ♥ NY », que d’autres capitales ont décliné à leur manière, Paris et sa banlieue ne disposent pas de slogan comparable. Il faudra y remédier très vite préconise le rapport (qui a constaté accessoirement que la marque Grand Paris n’avait pas été déposée) ; et pourquoi pas redessiner un mobilier urbain spécifique, voire créer une télévision locale ? S’appuyant sur près de 300 auditions, un sondage auprès des Franciliens et une analyse de quelques grandes capitales mondiales ou régionales, le rapport dresse un constat balancé sur l’image culturelle du Grand Paris. Paris dispose certes d’un patrimoine historique inégalé et d’un équipement culturel exceptionnel, mais la capitale serait en voie de muséification. La « belle endormie » aurait même tendance à se coucher tôt au vu du (faible) nombre de bars ou discothèques nocturnes ou de musées ayant aménagé leurs horaires en soirée. La « Ville monde » serait aussi moins accueillante pour les étrangers contrairement à Berlin, par exemple, et « ses 100 000 créatifs » dont beaucoup d’étrangers attirés par l’esprit de bohème de la capitale allemande (et un immobilier bien moins cher). À cet égard, le rapport préconise la création d’une Cité internationale d’artistes, sur le modèle de la Cité universitaire, et l’amélioration des conditions d’octroi de visas aux artistes. Mais c’est sur la banlieue que le rapport est évidemment plus attendu. Alors qu’elle dispose de 361 sites patrimoniaux, contre 165 à Paris, ses habitants ont encore tendance à converger sur les lieux culturels parisiens, faute de moyens de transports adaptés dans leur département. Parmi les 52 propositions, quelques-unes concernent spécifiquement la banlieue : créer un « 1 % » atelier d’artiste sur le modèle du 1 % artistique, intégrer des animations culturelles dans les nouvelles gares, inventorier et protéger les friches industrielles, constituer des pôles (cluster) d’industries culturelles. Au passage, on relève que Lyon qui semblait bien partie pour abriter la future Cité de la gastronomie serait en concurrence avec Rungis. Le rapport contient un grand nombre de recommandations intéressantes ; reste à les mettre en œuvre, ce qui n’est pas une mince affaire compte tenu du millefeuille administratif dans la région. Conscient de l’écueil, le conseiller d’État ne propose pas moins de neuf mesures pour améliorer la gouvernance culturelle du Grand Paris.
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Grand Paris : la dimension culturelle
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°364 du 2 mars 2012, avec le titre suivant : Grand Paris : la dimension culturelle