François Bordry quitte avec fracas la Biennale de Lyon

Lyon. Alors que son mandat de président de la Biennale de Lyon qu’il occupait depuis 2018 arrivait à échéance, « on m’a fait savoir qu’il fallait que je m’en aille », explique François Bordry au Journal des Arts. « On », c’est la nouvelle équipe écologiste qui dirige la Ville et la Métropole, principaux bailleurs de fonds de l’association qui organise en alternance la biennale de la danse et celle d’art contemporain.

Étiqueté de droite, François Bordry, ancien patron de Voies navigables de France, l’établissement public qui gère le réseau fluvial français, et ancien président du Frac Centre, pointe les « mauvaises manières » de sa tutelle. La nouvelle équipe serait « trop intrusive », imposant des réunions mensuelles avec le cabinet du maire et un audit – en cours – par le cabinet conseil Kanju. Il la soupçonne de vouloir privilégier l’animation culturelle au détriment de la création, à l’instar de la programmation de Cédric Van Styvendael, maire de Villeurbanne, pour la « Capitale française de la culture » en 2022. Ce dernier, qui est également vice-président en charge de la culture à la Métropole lui a répondu vertement dans le mensuel Lyon Capitale : « Dans les propos qui sont les siens, [il y a] une forme de grossièreté, de procès d’intention », ajoutant plus loin « cette démission, mise en scène, n’est pas honnête. »

François Bordry reproche également à la Métropole d’avoir dépossédé les biennales de leur nouveau lieu d’exposition dans les anciennes usines Fagor-Brandt, pour y loger la maintenance du tramway. Si l’édition 2022 de la biennale d’art contemporain (reportée d’un an en raison du Covid-19) se tiendra dans ce bâtiment impersonnel, il faut trouver dès maintenant un nouveau site pour les prochaines éditions. Cédric Van Styvendael indique que le technicentre SNCF à Oullins, au sud de Lyon, est une piste intéressante. « Oui, mais il n’y a ni tram ni métro et il faut dépenser des millions d’euros pour mettre le bâtiment aux normes », rétorque François Bordry.

Une opinion partagée par Yves Robert qui a lui aussi quitté en septembre dernier son poste de directeur délégué de la Biennale qu’il avait pris à la toute fin de 2019. L’ancien directeur du Centre national des arts plastiques regrette également le départ des usines Fagor « un non-sens », critique-t-il. « Les biennales commençaient à peine à investir les lieux, après le départ de la Sucrière, et il faut maintenant tout reconstruire. »

Les nuages continuent à s’accumuler au-dessus de la Biennale. Après le départ dans des conditions houleuses de Sylvie Burgat, directrice de la Biennale fin 2019, il avait été décidé de ne pas la remplacer à la direction générale et de nommer Yves Robert directeur délégué, pour faire le tampon entre les co-directrices, Dominique Hervieu pour la danse et Isabelle Bertolotti pour l’art contemporain. Dominique Hervieu ayant décidé le mois dernier de prendre la direction de la culture pour les Jeux olympiques de 2024 à Paris, ne reste plus à bord que la directrice du Musée d’art contemporain en charge de la direction artistique de la biennale d’art contemporain et Cédric Martin, un administrateur arrivé en septembre dernier. Cédric Van Styvendael a annoncé le retour à une directrice ou un directeur unique pour l’association Biennale de Lyon, qui aura également en charge la Maison de la danse. La nomination d’un nouveau président devrait intervenir dans la foulée. Le commissariat de la prochaine biennale d’art contemporain a été confié au duo Sam Bardaouil et Till Fellrath.