HELSINKI (FINLANDE) - Au terme d’une consultation menée durant an avec tous les acteurs de la vie culturelle d’Helsinki, la Fondation Solomon R. Guggenheim a officiellement présentée, le 10 janvier, son étude de faisabilité au maire de la capitale finlandaise, Jussi Pajunen.
La fondation américaine propose la création d’un « Musée Guggenheim », édifice d’une surface d’environ 12 000 m2, dont 3 920 mètres carrés d’espaces d’exposition, pour un budget estimé autour de 140 millions d’euros. Le site envisagé est Katajanokka, sur le port sud d’Helsinki, à l’emplacement actuel du terminal de Kanava. S’il dénombre quelques projets architecturaux avortés, ce lieu apparaît idéal pour attirer la clientèle des paquebots de croisière. Les Finnois représenteraient plus des deux tiers d’une fréquentation moyenne attendue de 530 000 visiteurs par an. Un chiffre ambitieux si l’on considère les 12 euros du tarif d’entrée prévisionnel, contre les 2,50 euros en moyenne pratiqués par les musées finlandais, et les 200 000 visiteurs annuels qu’accueillent chacun le Musée des beaux-arts de l’Ateneum et le Musée d’art contemporain Kiasma. Concernant la programmation artistique, le rapport reste vague. Axé sur l’architecture, le design et l’art finnois, le musée fonctionnerait comme un centre d’art : dépourvu de collection, il présenterait deux à trois grandes expositions et trois à cinq expositions-dossiers par an. L’accent est mis sur l’innovation, tant sur le plan pédagogique que muséographique.
Accueil mitigé
Dans l’ensemble, cette proposition a reçu un accueil mitigé, dans la presse comme auprès des institutionnels, et le désaveu notable du ministre de la Culture Paavo Arhinmäki. Ce dernier désapprouve un tel effort financier dans le contexte économique actuel, reste sceptique sur la viabilité du projet, juge irréaliste l’objectif de fréquentation et déplore l’absence de collection. En prenant en charge la construction et le financeament du musée pour pouvoir jouir du savoir-faire et du nom « Guggenheim », la Ville opérerait un investissement inédit en faveur de l’art finnois. À lui seul, le Helsinki Art Museum lui coûte 4,3 millions d’euros par an ; le Guggenheim devrait coûter 3,7 millions de plus. Pour assumer ces dépenses, la Ville ferait appel à des fonds privés et à du mécénat d’entreprise ; d’importants mécènes se sont déjà proposés, à la condition de bénéficier en retour d’une fiscalité favorable. Le rapport fait miroiter une augmentation des recettes fiscales de 4,5 millions d’euros par an, dont 2,7 millions d’euros iraient à l’État et 750 000 euros à Helsinki.
L’étude assure que la programmation internationale du nouveau musée ne portera pas ombrage à celles des institutions de la ville. Le Helsinki Art Museum voit pourtant certaines de ses activités, comme la gestion des expositions et les activités pédagogiques, absorbées par le nouveau musée. Contraint de renoncer à ses lieux d’exposition temporaires du Tennispalatsi et du Meilahti Art Museum, le musée municipal maintiendrait ses acquisitions, poursuivrait ses acquisitions et ses activités destinées au public. La municipalité a jusqu’au 15 février pour se décider, au terme de débats ouverts au public. En cas d’avis favorable, la prochaine phase du projet dépendra des représentants du Musée Guggenheim à Bilbao, qui peuvent opposer leur veto au projet – clause de non-concurrence oblige. S’ils donnent leur feu vert, un concours international d’architecture sera lancé. Frank Gehry s’est d’ores et déjà déclaré volontaire par voie de presse. Les travaux pourraient commencer en 2015 pour une ouverture du musée en 2018.
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Finlande - Le Guggenheim s’offre à Helsinki
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°361 du 20 janvier 2012, avec le titre suivant : Finlande - Le Guggenheim s’offre à Helsinki