La rétrospective des années 1920 à 1970 organisée dans son pays natal démontre à nouveau l’influence de la nature sur la forme des objets et architectures du Moderniste .
Helsinki. Centenaire de son indépendance oblige, la Finlande met l’accent, en cette année 2017, sur des personnalités qui l’ont façonnée. Créateur notoire, l’architecte et designer Alvar Aalto (1898-1976) bénéficie d’une rétrospective intitulée « Alvar Aalto, l’art et la forme moderne » à l’Ateneum, à Helsinki (Finlande). Produite par le Vitra Design Museum de Weil-am-Rhein (Allemagne) en collaboration avec le Musée Alvar-Aalto et l’Ateneum, l’exposition évoque, par le biais d’objets, meubles, dessins, maquettes, photographies et autres films sélectionnés au cordeau, le travail magistral et inventif que le maître d’œuvre finlandais a réalisé depuis les années 1920 jusqu’aux années 1970, de l’échelle de l’objet à celle de l’urbanisme – l’ultime salle.
Contrairement à ce que l’on pourrait croire, Alvar Aalto n’a pas plongé d’emblée dans le bain du Modernisme, comme le montrent ses premiers projets agrémentés de touches néoclassiques. En atteste ce dessin daté de 1923 représentant la façade en bois de l’église de Toivakka. Il faudra en effet attendre le milieu des années 1920 pour voir l’architecte se faire plus radical et progressiste. Ainsi de ce bâtiment pour la Coopérative agricole du Sud-Ouest, à Turku, l’un des premiers parmi les nombreux centres municipaux, administratifs ou culturels qu’il a construits, un édifice de cinq étages abritant un hôtel, des boutiques et un théâtre de 500 sièges.
Art et technologie
Avant de s’installer à Helsinki, au début des années 1930, Aalto, né à Kuortane au cœur des forêts, ouvre sa première agence à Jyväskylä, ville plantée au milieu de la région des lacs. Pas étonnant si la nature et les formes organiques qu’elle engendre sont pour lui une source d’inspiration sans fond, à l’instar des plafonds ondulés de la bibliothèque de Vyborg, aujourd’hui en territoire russe, qui résultent, certes, des exigences acoustiques, mais aussi d’une utilisation novatrice du bois, principalement le bouleau.
Côté mobilier, comme tout Moderniste qui se respecte, si Aalto use, à ses débuts, tel Marcel Breuer, de pieds en tubulure métallique, il fera du bois, en particulier « courbé », un matériau phare. Et pour s’assurer que la production suit, il fondera, en 1935, avec trois associés, dont l’ébéniste Otto Korhonen, la société Artek – contraction des vocables « art » et « technologie ». En témoigne une salle entière consacrée aux meubles, parmi lesquels le tabouret 60 ou le fauteuil Paimio.
Qu’il s’agisse du vase Savoy ou du Pavillon finlandais pour l’Exposition universelle de New York de 1939, à la spectaculaire esthétique curviligne qu’Aalto aimait comparer à une « aurore boréale », se lit la forte inclination de l’architecte envers la « forme libre » ; du premier est montré un moule creusé à même un tronc, du second une perspective en couleur d’époque et animation en 3D actuelle. Mieux, le parcours, et c’est une bonne surprise, présente, en regard de la production d’Aalto, des œuvres d’artistes dont il estime le travail (Hans Arp) ou avec lesquels il lie amitié. Chez Fernand Léger, il apprécie sa quête de la « beauté plastique » ; chez Alexander Calder, le mouvement et les formes abstraites ; chez Laszló Moholy-Nagy enfin, ses expérimentations technologiques.
Autre sujet de satisfaction : l’ensemble du parcours est rehaussé par les splendides photographies du Germano-Italien Armin Linke, lequel a posé son regard subtil sur une dizaine de réalisations emblématiques.
Pour vivre pleinement l’expérience « aaltienne », on conseillera aux visiteurs d’aller admirer de visu quelques-uns des édifices phares de l’architecte comme, à Helsinki, dans le quartier de Munkkiniemi, sa maison et son atelier (www.alvaraalto.fi). Ceux qui, dans l’exposition de l’Ateneum, ne sauront se contenter de la reconstitution d’une chambre du sanatorium de Paimio, iront, à deux heures de route de la capitale, s’émerveiller devant cet édifice culte, encore en activité. À une poignée de kilomètres de là, à Littoinen, l’usine Artek, elle, produit toujours le mobilier d’Alvar Aalto.
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Alvar Aalto en formes libres
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Alvar Aalto, Villa Mairea, Noormarkku, Finlande, 1938. © Photo : Armin Linke.
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°483 du 7 juillet 2017, avec le titre suivant : Alvar Aalto en formes libres